Un petit article de 2 pages, publié dans la revue “Medical Science Educator” (2018) qui, je trouve, résume admirablement bien le problème de la médecine actuelle. Je vous en fais une petite synthèse en français…
La médecine moderne a ses racines dans le 19ème siècle, lorsque les virus et les bactéries constituaient les causes principales de maladies. La découverte des antibiotiques au début du 20ème siècle a permis de guérir bon nombre de ces maladies. Parallèlement, l’amélioration des techniques d’anesthésie a permis à la chirurgie de progresser dans la réparation des traumas.
C’est sur ce modèle qu’est encore fortement construit notre système de santé : lorsque nous avons un problème de santé, nous nous attendons à ce que notre médecin nous prescrive un médicament ou une intervention chirurgicale. Et cela fonctionne très bien pour les maladies infectieuses ou de nombreux traumatismes.
Mais ce modèle n’est pas adapté aux maladies contemporaines, qui sont essentiellement des maladies chroniques, associées à l’âge, et non-transmissibles (“chronique, age-associated, non-communicable disease”).
L’immense majorité de ces maladies chroniques non-transmissibles sont causées par les interactions entre nos gènes et notre environnement : mauvaise alimentation, stress prolongé, manque d’activité physique, manque de sommeil, tabac, toxines, sont les principaux déclencheurs externes.
Et le modèle de médecine du 19ème siècle n’est pas adapté à ces maladies-là. Pour 2 raisons selon l’auteur :
1) ces maladies chroniques modernes sont multifactorielles (contrairement aux maladies infectieuses pour lesquelles il est plus aisé d’identifier l’agent infectieux : virus, bactérie, etc…). Et comme les médicaments ciblent généralement un seul facteur, il est nécessaire de prendre une multitude de médicaments.
L’auteur remarque que ses patients diabétiques (type 2) ont également des traitements pour le taux de glucose sanguin, la tension, le cholestérol, et pour contrer tous les effets secondaires de tous ces traitements. Et personne ne sait exactement comment vont interagir tous ces traitements chez une personne spécifique.
2) ça donne l’illusion qu’un médicament va résoudre le problème, alors qu’on ne s’attaque pas à la cause de ce problème : à savoir le mode de vie (alimentation, activité physique, sommeil, tabac…).
C’est pourquoi l’auteur prêche pour ce qu’il appelle “lifestyle medicine” : une approche de la médecine en complément de la médecine traditionnelle. Notre système de santé actuel s’occupe principalement des maladies. Mais le système de santé devrait également s’occuper… de la santé !
Le principal traitement à de nombreuses maladies actuelles devrait être un changement dans notre style de vie. Et si un problème persiste malgré cela, les traitements médicamenteux et chirurgicaux sont toujours là.
Cela implique 2 choses :
1) Au niveau de l’éducation : nous devrions apprendre à être responsables de notre santé, et à ne pas décharger cette responsabilité sur le corps médical (rajout de ma part : c’est un bon exemple de “délégation v/s empowerment”) 😉
Ca doit donc être enseigné à l’école. L’auteur relève cette aberration qu’on apprenne les maths à l’école, mais pas grand chose à propos de notre santé.
2) Le médecin du futur devrait davantage être un conseiller (“advisor”) : son rôle serait d’abord d’informer le patient sur les causes de sa maladie et sur les possibilités qu’il a de restaurer sa santé par ses choix de vie. Et cela implique aussi la présence de coachs pour accompagner les personnes dans leurs changements de style de vie.
Bref, un article court qui synthétise très bien les enjeux actuels en matière de santé. A lire !
Lien vers l’article en PDF : https://www.researchgate.net/publication/328948131_Lifestyle_Medicine_Why_Do_We_Need_It