Le Vlaams Belang (extrême-droite), premier parti de Flandre, dans un récent sondage…

“Everybody wants to go to heaven, but nobody wants to die” : Ca résume très bien l’attitude de l’ensemble des partis “démocratiques” face à cette montée de l’extrême-droite : tous ces partis aimeraient certainement que le Vlaams Belang n’ait pas autant de poids dans le champ politique belge… mais aucun n’est prêt à faire ce qu’il faudrait faire pour que ça ne soit pas le cas.

A savoir (prioritairement) : réfléchir à la structure du territoire, et créer les conditions d’une réelle participation des citoyens et citoyennes aux prises de décision.

1) Le territoire.

La montée de l’extrême-droite n’est PAS “SCALE FREE” : Aux dernières élections fédérales (mai 2019), le Vlaams Belang (VB) s’est retrouvé 2ème parti de Flandre et 3ème parti belge. Ce que montre le sondage Le Soir / RTL Info / Ipsos Belgium publié ce week-end, c’est que le VB est maintenant le 1er parti de Flandre avec 27,3% des intentions de vote. En extrapolant le nombre de sièges que ça représenterait à la Chambre (donc au niveau belge), le Vlaams Belang serait le 1er parti belge, avec 27 sièges !!

POURTANT, comme je l’ai déjà expliqué, au niveau provincial, le Vlaams Belang n’est dans aucune coalition. Aux dernières élections provinciales (octobre 2018), il ne s’est jamais mieux classé que 4ème parti. Le plus de sièges qu’a le VB dans les conseils provinciaux, c’est 6 sièges sur 36 (16,7%), dans les provinces d’Anvers et de Flandre orientale. Ailleurs, c’est moins.

Au niveau communal, il n’y a qu’à Ninove (à ma connaissance) que le VB a terminé en tête aux dernières élections (40%). Une commune de 39.000 habitants. Il était le 2ème parti à Alost et Turnhout; 3ème à Roeselare. A Anvers, le Vlaams Belang est seulement le 4ème parti. Et il y a énormément de communes où le VB a fait un très mauvais score, loin derrière les autres partis.

Plus on doit voter au niveau local, moins l’extrême-droite semble être une bonne option. Plus on doit voter au niveau national, plus l’extrême-droite semble être, pour une (trop) grande part de la population, une bonne option.

Et ce qu’il faut bien comprendre, c’est que : niveau local = conséquences locales. Ce sera toujours moins dangereux d’avoir un parti d’extrême-droite à 40% dans une commune de 39.000 habitants, qu’à 27% dans une région de 6,5 millions d’habitants !

=> Il faut une réflexion sur la structuration du territoire politique, pour aller vers plus de décentralisation et de localisme. La démocratie est avant tout une organisation politique à échelle HUMAINE. Les empires, les nations (et, en Belgique, les régions qui n’ont de sens et d’existence qu’au sein de l’Etat fédéral) ne représentent pas des échelles humaines de la prise de décision. Il faut décentraliser au maximum : niveau provincial et tout ce qu’il y a en-dessous (jusqu’au quartier ou au village) pour l’immense majorité des décisions. Et garder des niveaux au-dessus, par subsidiarité, uniquement pour ce qui ne peut vraiment pas se gérer au niveau local (la défense peut être un bon exemple, ou l’enseignement à l’échelle d’une langue).

2) La participation

L’extrême-droite représente aussi, pour certains et certaines, une opportunité de CHANGEMENT. Là où les partis traditionnels ne représentent plus aucune source de changement : les mêmes politiciens et politiciennes depuis des décennies. On les voit au fédéral, puis à la région, puis ils ou elles sont pris dans un scandale de corruption, puis on les retrouve dans le Conseil d’Administration d’une intercommunale, puis député, puis ministre, puis au Sénat, puis… et ainsi de suite.

Alors qu’un des fondements de la démocratie, c’est la ROTATION. C’est un des éléments le plus importants pour Aristote, par exemple : que chacun (et chacune aujourd’hui) puisse occuper, tour à tour, des fonctions dans la Cité. Que chacun et chacune soit, tour à tour, dirigeant et dirigé.

Même avec des procédures démocratiques identiques, ce sera toujours plus démocratique 10 personnes qui prennent une décision, qu’une personne prenant 10 décisions. Ce n’est pas symétrique ! Et le résultat ne sera pas le même (il y a des liens à faire avec les systèmes non ergodiques).

Et cette généralisation de la participation est beaucoup plus facile à atteindre au niveau local, en partant du quartier ou du village, qu’au niveau national, « tout en haut ».

. . .

Mais vider les niveaux nationaux et régionaux de leurs compétences au profit d’une décentralisation vers les niveaux locaux serait une IMMENSE PERTE POUR LES PARTIS, et les hommes et les femmes de partis. Les appareils politiques que sont les partis n’auraient pratiquement plus aucune utilité.

Et une plus grande rotation aux fonctions politiques empêcherait tout espoir de carrière politique. “Faire de la politique” ne serait plus une profession, ce serait un devoir et un droit que nous aurions toutes et tous. Devoir et droit de prendre part aux décisions qui nous concernent.

Et c’est pour cela que les partis traditionnels, même s’ils ne veulent pas que l’extrême-droite dirige un jour le pays, ne feront rien pour l’éviter de manière efficace. Ils veulent atteindre le paradis (un monde démocratique, sans extrême-droite) mais ne sont pas prêts à mourir pour ça (abandonner la particratie, au profit d’une démocratie locale, avec une grande rotation).

Et le plus grand danger est là…

L’article (payant) sur le site du Soir : https://plus.lesoir.be/267023/article/2019-12-15/le-vlaams-belang-senvole-en-flandre-un-gouvernement-ultra-minoritaire-les

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

*