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Rien n’indique que l’on apprend mieux dans un document austère ressemblant aux manuels de grammaire des années ’30. Pourtant, beaucoup d’enseignants négligent les feuilles qu’ils donnent aux élèves, ou utilisent des manuels qui ne sont pas (ou plus) les mieux adaptés. Je pense que, dans un certain sens, nous sommes subordonnés au matériel d’apprentissage, tout comme un bon cuisinier aura du mal à faire quelque chose de bon en suivant une recette catastrophique.
Si vous voulez arriver à bien accrocher vos élèves et qu’ils apprennent réellement quelque chose, il faudra que vous travailliez les feuillets, syllabi, manuels que vous allez leur donner. Il n’y a aucune honte à utiliser des techniques visuelles de communication pour rendre votre matériel pédagogique attractif.
- Travaillez vos titres, qu’ils donnent envie de lire la suite ;
- Jouez sur le visuel, variez les polices, la taille des textes ;
- Multipliez les entrées : intégrez des photos, des images, des cartes, des graphiques, des tableaux statistiques, des témoignages, des extraits d’articles.
Tout cela rendra le cours beaucoup plus vivant et varié, et – surtout – aidera l’élève à se rappeler. Il est beaucoup plus difficile de se rappeler d’une page et de son contenu si toutes les pages se ressemblent à l’identique. J’ai connu trop de profs, dans les matières qui nous intéressent, qui font étudier leurs élèves dans des feuillets où toutes les pages, tapées en Times New Roman, 12, sont identiques : du texte, un titre, du texte, un titre, etc… Les élèves sont obligés d’utiliser tout un jeu de couleurs, de soulignage, entourage, etc., pour distinguer les différents éléments et s’y retrouver.
Aidez l’élève à entrer dans le cours et à se remémorer des éléments importants. Pour une page de journal, on parle de « multiplier les entrées ». La multiplication des entrées permet au lecteur d’appréhender le texte de plusieurs façons; elle fait reculer le réflexe de crainte devant la longueur de l’article; elle l’aide à y rentrer s’il est en train de s’évader.
Il en va de même pour un feuillet ou un syllabus que l’on distribue aux élèves: il est utile de multiplier les entrées. L’élève pourra rentrer dans le cours par une photo qui l’interpelle, ou un exemple, ou un témoignage, etc. Peut-être ne rentrera-t-il pas dans le cours par le point 1, comme vous l’aviez prévu. Ce n’est pas grave : laissez-le feuilleter un peu le cours. Souvent, cela va très vite : en quelques dizaines de secondes, si l’élève a été accroché par quelques-unes de vos entrées, l’intérêt pour le cours est là. Et le cours peut donc commencer… C’est exactement la même chose que vous faites avec votre journal, vous ne commencer pas directement à lire le premier mot du premier article de la première page, et cela de manière continue, page après page. Vous jetez d’abord un coup d’oeil général sur la page. Votre oeil s’arrête tantôt sur une photo, tantôt sur un titre, tantôt sur une légende, etc. Et puis seulement, et selon ce que ce premier regard général vous a révélé, vous commencez à lire tel ou tel article.
Comprenons-nous bien, je ne dis pas qu’il faut laisser les élèves choisir ce qu’ils vont lire dans votre cours. Ils devront bien entendu tout lire. Je dis juste qu’il faut qu’au premier regard, ils se disent que le cours vaut la peine.
C’est toujours pour moi une preuve de succès lorsque je vois que mes élèves feuillettent le cours par eux-mêmes lorsque je viens de leur distribuer. Je feins souvent d’avoir à chercher quelque chose dans mes affaires, pour les laisser une minute ou deux feuilleter toutes les pages. S’ils ont été jusqu’au bout, c’est qu’au fur et à mesure des pages, ça avait l’air assez intéressant que pour continuer à tourner les pages. A partir de ce moment-là, je peux sans crainte dire : « Bon, allez on commence : page 1 ! ». Et je sais qu’ils vont tous suivre le cours…
Voici quelques exemples que j’ai utilisés ces dernières années :
