#Walgov : Brève réflexion sur la “société civile” en démocratie

Autant je peux comprendre qu’on ne soit pas convaincu par la proposition de @lacoordination et des associations très ciblées qu’elle représente, autant je ne comprends pas le dénigrement de la notion de “société civile”. Philippe Walkowiak, journaliste RTBF, en parle comme d’un “ectoplasme” ??

C’est quand même pas une notion sortie du chapeau d’Ecolo. Pour beaucoup d’auteurs, la “société civile” est un élément fondamental de la démocratie.

A mon sens, c’est Tocqueville qui en parle le mieux… (Cet article est issu d’un Thread que j’ai publié sur Twitter

Dans “De la démocratie en Amérique”, Tocqueville explique l’importance de ce qu’il appelle “la vie civile” aux Etats-unis : c’est-à-dire toutes ces associations qui ne sont ni politiques, ni industrielles.

Tocqueville compare avec la France et l’Angleterre. En France, le gouvernement tend à s’occuper de tout; en Angleterre, ce sont les grands Seigneurs; et aux Etats-Unis, ce sont les associations.

Problème de la France : pour Tocqueville, un gouvernement qui sort de la sphère politique exercerait une “tyrannie insupportable”. C’est pour cela que le gouvernement ne doit pas non plus “conduire les entreprises industrielles”.

Dans un aristocratie (plutôt comme en Angleterre), les aristocrates – ces “citoyens très puissants” jouent ce rôle de contre-pouvoir par rapport à l’Etat. Ils peuvent eux-mêmes entreprendre des choses hors de l’Etat.

Mais que se passe-t-il, lorsqu’un peuple n’a plus d’aristocrates pour entreprendre ? -> les citoyens doivent s’associer pour réacquérir ce pouvoir d’entreprendre des choses. Le risque, sinon, est le retour de la barbarie.

Bref, la “vie civile” est un élément fondamental de la démocratie selon Tocqueville. Et cette notion ne pourrait être plus d’actualité à époque d’une crise des institutions, des appareils d’Etat, etc.

En fait, la « vie civile » de Tocqueville, repose sur le même ressort que les initiatives en transition aujourd’hui : ce que l’Etat ne peut (ne doit) pas faire, faisons-le nous-mêmes.

L’exemple que cite Tocqueville à propos de la lutte contre l’alcoolisme est très éclairant. 100.000 Américains qui se mobilisent. Ailleurs, ç’eût été le rôle d’un seigneur. Les Français, eux, auraient fait appel à leur gouvernement.

Bref, on peut ne pas se reconnaître dans les associations représentées par lacoordination.org, et ne pas apprécier Ecolo mais dénigrer l’idée de “société civile” en démocratie est plutôt bête, je pense…

Tous les extraits sont tirés d’une édition de 1850, parue à Paris (Editions Pagnerre). 

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