Je ne veux pas du tout tomber dans cette idée qu’avec le coronavirus, la Nature nous « enverrait » un message. Je ne pense pas que « la Nature » puisse avoir une intention, un dessein, une volonté. Ce serait faire ce qu’on appelle du « finalisme », et ce n’est pas mon truc.
Par contre, je pense qu’on peut *décider* de prendre un événement comme un message, une alerte, un avertissement. Un peu comme quelqu’un qui n’aurait pas une vie très saine, et qui ferait un petit accident cardio-vasculaire ou qui développerait, assez jeune, du diabète. Est-ce son corps qui le prévient qu’il doit changer de comportement avant qu’il ne soit trop tard ? Je ne pense pas que notre corps puisse développer une telle intention, indépendante de notre propre Raison. Par contre, je crois qu’on peut rationnellement décider de prendre cela comme un avertissement… ou au contraire, décider de s’en foutre et de continuer comme avant.
Cet exemple est assez facile à comprendre. Et c’est au final assez proche de la « téléologie transcendantale » de Kant (telle que je la comprends). En deux mots, nous devons moralement et cognitivement « supposer » que la nature a une volonté, pour d’une part agir, et d’autre part, comprendre cette nature.
Tout ça pour dire que les premières études qui arrivent déjà sur le Covid-19 ne peuvent que faire réfléchir… et agir.
1) 99% des personnes décédées en Italie souffraient déjà de problèmes de santé, avant de contracter le coronavirus. Et parmi ces facteurs de co-morbidités, 73,8% des personnes décédées souffraient d’hypertension, 33,9% de diabète et 30,1% de maladies coronariennes (pour citer les principales causes).
Source n°1 : https://www.bloomberg.com/news/articles/2020-03-18/99-of-those-who-died-from-virus-had-other-illness-italy-says
Source n°2 (PDF) : https://www.epicentro.iss.it/coronavirus/bollettino/Report-COVID-2019_20_marzo_eng.pdf
2) Il semblerait que l’obésité soit un facteur aggravant, en particulier chez les plus jeunes. Les personnes présentant une obésité morbide constituent des sujets à risque.
3) Les fumeurs et fumeuses présentent également plus de risques de développer une forme sévère du Covid-19, selon le New England Journal of Medicine.
4) Enfin, les personnes vivant dans des villes polluées présentent également plus de risques. D’après l’European Public Health Alliance (EPHA), le taux de mortalité au Covid-19 augmente dans les régions les plus polluées. Et il semblerait que la région du nord de l’Italie où l’épidémie a pris le plus d’ampleur soit une des régions où l’air est le plus pollué du pays. En 2003, une étude sur le SARS avait également montré que 84% des victimes étaient exposées à de l’air particulièrement pollué.
Je ne veux pas du tout tomber dans la vision apocalyptique d’une nature qui nous punirait pour nos excès, comme on le voit beaucoup en ce moment dans les milieux collapsologues, ou de l’imminence du Jugement dernier, comme on peut le lire parmi certains milieux religieux.
Par contre, et pour rester dans une référence chrétienne, ça fait longtemps qu’on se comporte comme celles et ceux qui, dans Isaie (30: 9-10), disaient aux prophètes de pas leur annoncer la vérité, ne voulant pas l’entendre. Peut-être qu’il faut décider de prendre tout cela comme un avertissement sur notre mode de vie. Je veux dire un avertissement « collectif », qui implique donc une prise de conscience collective.
Ce virus peut potentiellement submerger nos hôpitaux. Des milliers de personnes vont mourrir. Nos pays sont à l’arrêt. Nous sommes confinés à domicile. Il n’est pas exagéré de dire que c’est une situation inédite depuis très longtemps, dans l’histoire de l’humanité… Il est peut-être temps de décider d’écouter, de prendre cela « comme » un avertissement, et d’agir en conséquences.