Parution de “Psychologie évolutionniste et maladies mentales”

Néo Santé Édition publie, sur son site, un article de synthèse que j’ai écrit sur la psychologie évolutionniste ou “Evo Psy”.

L’article est assez long (plus long que mes formats habituels dans Néo Santé), je vous en fais ici un résumé et vous invite à aller lire l’article, si ce sujet vous intéresse. C’est un champ d’analyses assez fascinant !

Lien : https://www.neosante.eu/psychologie-evolutionniste-et-maladies-mentales/

En quelques mot… ➡️ Notre corps est encore très très majoritairement adapté à l’environnement que nous avons connu durant des millions d’années. Beaucoup de traits de notre anatomie et de notre métabolisme s’expliquent par notre évolution. C’est vers ça que convergent tous les arguments en faveur d’un entraînement fonctionnel, de méthodes naturelles d’entraînement (MovNat), l’exposition au froid (The Iceman (Wim Hof)), et surtout de l’alimentation paléo : courir pieds nus ou en minimalistes, ne rien manger d’inflammatoire et de transformé, le jeûne intermittent, etc.

Mais qu’en est-il de notre comportement ? Est-ce qu’il y a des éléments de notre comportement qu’on peut comprendre et expliquer à partir de notre évolution ?

(Remarque : rien que poser la question, c’est déjà sortir de la sociologie, où l’on est censé expliquer le social par le social, comme le voulait Emile Durkheim. Je crois pourtant qu’il y a la place pour une approche empirique pluridisciplinaire).

C’est fascinant à quel point une approche évolutionniste peut être à la croisée des disciplines scientifiques, et l’article propose d’en faire la cartographie : anthropologie, sociologie, psychologie, psychiatrie, psychopathologie, biologie, éthologie, primatologie…

… Et bien sûr la théorie darwinienne de l’évolution, qui représente un peu la colonne vertébrale de tout cela.

Il y a eu beaucoup d’essais, au XXè siècle, visant à appliquer la théorie darwinienne de l’évolution aux phénomènes sociaux, comme l’exemple de la sociobiologie de Wilson, Trivers, etc. Des essais finalement très hypothétiques, postulant un lien entre tel ou tel gène et tel ou tel comportement. Au final, ces essais étaient peu empiriques, et surtout très déterministes. Ils n’aboutissaient à rien d’autre qu’à une essentialisation des comportements.

Ce qui est BEAUCOUP PLUS INTÉRESSANT : c’est l’approche d’un de mes compatriotes, Albert Demaret, psychiatre, éthologie et naturaliste liégeois (décédé en 2011).

L’éthologie a d’abord l’immense avantage d’être beaucoup plus empirique que la sociobiologie. L’éthologie n’est qu’observations et expérimentations. Lorenz, Tinbergen, Von Frisch ont reçu un Prix Nobel pour leurs travaux éthologiques en 1973.

Autre exemple : les travaux de Jane Goodall avec les chimpanzés en Tanzanie.

A la recontextualisation des comportements dans notre évolution, l’éthologie apporte à la psychologie évolutionniste une possibilité d’observer ces comportements, par exemple auprès des primates.

👉 Une des questions que ça permet de poser, c’est la “valeur adaptative” d’un comportement. Les comportements hérités de l’histoire de notre espèce (la phylogenèse) doivent avoir eu un effet avantageux dans le passé et ont dû contribuer à la survie des individus et de l’espèce.

👉 Un des concepts clés de la psychologie évolutionniste, c’est l’ “environment of evolutionary adaptedness” (EEA), c’est-à-dire la période de notre évolution durant laquelle l’adaptation s’est faite (exemples : 60 millions d’années pour notre oeil, 3.5 à 4 millions d’années pour le bipédalisme).

> > > De là découle un élément fondamental : l’hypothèse du décalage, ou “mismatch hypothesis”. Demaret parle du “modèle de mauvaise concordance” : des comportement qui seraient adaptés si nous étions toujours à la période paléolithique mais qui ne le sont plus aujourd’hui.

La “psychopathologie éthologique” d’Albert Demaret apporte un regard très intéressant sur des comportements et des troubles comme l’anorexie mentale, les activités de substitution, l’hyper-activité, la dépression, la schizophrénie, le suicide…

Elle rappelle un élément fondamental : survivre n’est pas toujours la même chose qu’être en bonne santé. Et ça, c’est très intéressant ! ➡️ La sélection naturelle se fait au profit de la survie (et donc de la reproduction) de l’espèce, non de la santé des individus.

Elle met également l’accent sur notre nature sociale, c’est entre autres l’hypothèse du “cerveau social” de Dunbar (1992). Il y aurait des liens entre la disponibilité en nourriture, notre organisation sociale et la structure de notre cerveau.

CONCLUSION : Au-delà des réductions de la psychologie évolutionniste à quelques clichés, servant souvent à naturaliser – et donc légitimer – certains comportements modernes (en matière de relations hommes-femmes, de compétition, etc.), la psychologie évolutionniste telle que pratiquée par Demaret ouvre la porte à une approche très complète de l’Homme, intégrant ses dimensions biologiques, psychologiques et sociales, et les replaçant dans une évolution longue de plusieurs millions d’années.

Je vous invite à en découvrir davantage en lisant l’article sur Néo Santé : https://www.neosante.eu/psychologie-evolutionniste-et-maladies-mentales/

Et pour our aller plus loin :

* Demaret, A. 2014. Ethologie et psychiatrie, Bruxelles : Editions Mardaga.

* Englebert, J, & Follet, V. 2016. Adaptation. Essai collectif à partir des paradigmes éthologiques et évolutionnistes, Paris : MJW Fédition.

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