Coronavirus : Si on ne *sur-réagit* pas individuellement, on met tout le collectif en danger.

C’est vraiment triste de voir à quel point les dirigeants et les médias n’ont pas pris la mesure de la situation à temps. Ce matin, je relisais la note publiée par Nassim Nicholas Taleb, Joseph Norman et Yaneer Bar-Yam, le 26 janvier : « Systemic Risk of Pandemic via Novel Pathogens – Coronavirus: A Note ». Moi-même, je la relayais le 1er février. 

Voici ce qu’on pouvait trouver dans cette brève note :

1) Quand on en sait peut sur un nouvel agent pathogène, il faut être extrêmement prudent. 

2) Dans ce genre de phénomènes (« extreme fat-tailed process »), les taux de contagion et de mortalité sont généralement sous-estimés. 

3) Tant qu’on ne sait pas à quel point des personnes peuvent être contagieuses sans avoir de symptômes, des mesures comme des tests de température dans les aéroports, par exemple, ne serviront pas à grand chose. Les incertitudes rendent généralement les choses plus compliquées que prévu, pas plus faciles. 

4) Réduire drastiquement les contacts entre personnes, grâce à des frontières collectives et des changements de comportement, et de l’auto-contrôle communautaire, sont des mesures essentielles à prendre.

5) Réduire la mobilité et les échanges aura un coût à court terme, mais ne pas le faire sera catastrophique.

6) Hélas, certains seront fatalistes et diront qu’on ne peut rien faire…

Au moment où ils ont publié cette note, on était à +/- 4000 personnes infectées et une centaine de décès, dans le monde, mais essentiellement en Chine. Et pourtant, durant plus d’un mois, on nous a dit que fermer les frontières était exagéré, que c’était du repli sur soi, que ce n’était qu’« une grippe », etc., et combien de médias n’ont pas fait de sujets sur « la parano » ambiante, combien de journalistes n’ont pas comparé le nombre de décès dus au coronavirus avec le nombre de tués sur la route ou décès pour cause de diabète… 

Combien de vies auraient été épargnées si on avait écouté celles et ceux qui savent, plutôt que celles et ceux qui « croient savoir »…

Hier, 15 mars, deux des auteurs du précédent article ont publié : « Ethics of Precaution:Individual and Systemic Risk ». Je conseille à tout le monde d’en prendre connaissance au plus vite. L’idée est simple : 

Si on ne *sur-réagit* pas individuellement, on met tout le collectif en danger. 

Explication : Sur-réagir quand il y a encore très peu de décès (rester confiné, éviter tout contact, etc.), ce qui peut paraître irrationnel puisqu’il y a peu de décès, permet d’éviter que le nombre de décès augmente de façon exponentielle, et est donc en réalité très rationnel. 

Un comportement « irrationnel » au niveau individuel (ne plus sortir alors qu’on a peu de chances de mourrir) est très rationnel au niveau collectif (ça réduit la propagation du virus). 

On est exactement dans le genre de phénomènes propres aux « communs » : on ne peut pas superposer ce qui est rationnel/irrationnel au niveau individuel et au niveau collectif… 

Donc, sur-réagissez individuellement au plus vite !

3 Replies to “Coronavirus : Si on ne *sur-réagit* pas individuellement, on met tout le collectif en danger.”

  1. Comment adapter votre* sur-reagit* individuelle dans un *contrat collectif de survie* lequel vivre ou survivre est relié au contact du sphère collectif. Comment l’Hoe pourra adopter votre *sur- reagit* inapdatable à tous les contextes de différent sphère! Au moins, personnel, mais scientifiquement, la vie est une collectivité ou les individus concourent ensemble pour la vie.

    • Précisément, ce que dit le texte, c’est que la survie du collectif dépend de la sur-réaction individuelle.
      Est-ce que ça répond à votre question ? 🙂

  2. Combien de vies auraient été épargnées si on avait écouté celles et ceux qui savent, plutôt que celles et ceux qui « croient savoir »…
    ???

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