PARUTION : “La culture pour tous”, Journal de Genappe, déc. 2021, p. 4

Essayez d’imaginer à quoi ressemble la personne qui va régulièrement au théâtre ou au musée, ou se rend à des expositions et des spectacles d’art. Vous avez l’image en tête ?

Il est fort à parier que vous avez pensé à une personne ni trop jeune, ni trop âgée ; une personne plutôt diplômée, et relativement aisée ; qui maîtrise la langue ; qui n’a probablement pas d’handicap mental ; et qui a baigné, depuis son enfance, dans un environnement social orienté vers ces pratiques culturelles.

L’image n’est pas fausse, mais elle ne représente au final qu’une petite minorité de la population. Qu’en est-il de tous les autres ?

Ces “autres”, ce sont les “non-publics”, comme on les appelait dans les années ‘70, lorsqu’on a commencé à vouloir, sérieusement, démocratiser l’accès à la Culture. Aujourd’hui, on parle des “publics éloignés”, probablement un peu par euphémisme, mais aussi pour signifier que ce ne sont pas des publics “oubliés” de la Culture, mais plutôt des publics plus difficiles à atteindre : les ados, les personnes âgées isolées, les personnes précarisées, les personnes qui ne maîtrisent pas la langue, les personnes nouvellement arrivées en Belgique. Parfois, simplement, des personnes qui se sentent éloignées d’une Culture paraissant trop scolaire, et qui ont l’impression de ne pas en maîtriser les codes…

Alors, comment réduire cette distance symbolique ? C’est un des enjeux des centres culturels ! Et c’est à cette question que j’ai essayé de répondre dans cet article, paru dans le Journal de Genappe, en présentant les activités du Centre culturel de Genappe qui s’adressent, en particulier, aux publics éloignés…

Bonne lecture ! Et au plaisir d’avoir votre point de vue sur la question ! 😉

“La culture pour tous”, Journal de Genappe, décembre 2021, p. 4.

Ma carte blanche sur les politiques identitaires

Ma carte blanche sur les discours identitaires paraît aujourd’hui dans La Libre !

Lien : https://www.lalibre.be/debats/opinions/le-racialisme-inquiete-6005b9fc9978e227df9a25b4

[Résumé] : Il y a une dizaine d’années, lorsque j’enseignais les sciences sociales à Anderlecht, je faisais appel aux travaux de sociologues comme Beaud, Pialloux, Mucchielli ou Mauger pour analyser, avec les élèves, des phénomènes sociaux comme les violences urbaines (par exemple les émeutes de 2005 en France, ou des émeutes survenues à Anderlecht). Ca permettait de répondre, par la sociologie, aux propos racistes et islamophobes des Finkielkraut, Zemmour, etc. : les dimensions ethniques et religieuses n’expliquent pas aussi bien les comportements que les variables sociales : la pauvreté, les inégalités, le sentiment d’exclusion, etc.

Aujourd’hui, faire cela, c’est s’exposer à se faire traiter de raciste par un courant identitaire nouveau. C’est ce qui est arrivé à Stéphane Beaud dans Le Monde diplomatique. Les arguments qu’on pouvait opposer, il y a 10 ans, aux “identitaires de droite” nous exposent aujourd’hui aux invectives des “identitaires de gauche”. C’est, je crois, quelque chose qui doit inquiéter toute personne qui veut lutter contre le racisme, les inégalités et la domination, avec les outils des sciences sociales.

A lire dans La Libre Belgique, 19 janvier 2021, p. 33.

Je n’avais pas la place pour mettre quelques références, si cela vous intéresse. Les voici :

  • Beaud, S., &, Pialoux, M. 2002. Sur la genèse sociale des “émeutes urbaines”, Sociétés contemporaines, 1-2, n°45-46, pp. 215-243.
  • Beaud, S., Confavreux, J., & Lindgaard, J. (Sous la direction de), 2008. “La France invisible”, Paris : La Découverte.
  • Mucchielli, L. 2003. “Délinquance et immigration en France : un regard sociologique”. Criminologie, vol. 36, n°2, pp.27-55.
  • Mucchielli, L. 2003. “Délinquance et immigration : le sociologue face au sens commun”. Hommes et migrations, n°1241, pp. 20-31.
  • Mucchielli, L. 2005. Le scandale des “tournantes”. Dérives médiatiques, contre-enquête sociologique, Paris : La Découverte.
  • Mauger, G., 2006. Les Bandes, le milieu et la bohème populaire. Etudes de sociologie de la déviance des jeunes des classes populaires, Paris : Editions Belin.