
Voilà quelque chose que j’avais envie de faire depuis un petit temps : publier une série d’articles courts basés sur des extraits d’un de mes textes préférés : Le “Traité des Devoirs” [De officiis] de Cicéron… Ok, ça paraît chiant / intello, mais je vous jure que ce texte ne l’est pas du tout !! Je trouve ce texte très sensé, et surtout d’une universalité qu’on trouve assez rarement, c’est-à-dire que la manière avec laquelle il aborde les choses permet au texte de rester très actuel.
Il y a 7 ou 8 points que j’aimerais mettre en avant. Pour chacun de ces points, j’essaierai de faire le lien avec quelques questions actuelles. Et j’essaierai, via les réseaux sociaux (ma page Facebook & mon compte Twitter) de faire réagir quelques personnes d’intérêt.
Toutes les citations proviennent de la version du texte que j’ai en ma possession : Cicéron, Les Devoirs, Livre I, Paris : Editions “Les Belles Lettres”, 1965.
Premier extrait à propos de la “Phronèsis”… vous ne savez pas ce que c’est ? Et bien, c’est bien ça le problème !! Voilà un concept qu’on a tout à fait perdu ! Et pourtant…
Extrait de Cicéron :
La première de toutes les vertus est cette sagesse que les Grecs appellent σοφία (“sophia”). Sous le nom (…) de prudence que les Grecs appellent φρόνησις (“Phronesis“), nous entendons une autre vertu qui est la science des choses à rechercher et des choses à éviter.
Explication :
Voilà une nuance qui semble tout à fait s’être perdue : la meilleure traduction de phronèsis est probablement la “sagesse pratique“, voire la “prudence dans la prise de décision”.
Quelques siècles avant Cicéron, Aristote avait déjà fait de la phronèsis, une de ses vertus intellectuelles (dans l’Ethique à Nicomaque) : “Ce qui caractérise l’homme prudent, c’est la faculté de délibérer avec succès sur les choses qui lui sont bonnes et avantageuses (…) qui peuvent contribuer, en général, au bonheur de sa vie.”
Aristote rajoute : “Voilà pourquoi nous regardons Périclès et ceux qui lui ressemblent, comme des hommes prudents, parce qu’ils sont en état de voir ce qui est bon et avantageux pour eux-mêmes et pour les autres; et nous les croyons capables de diriger avec succès les affaires d’une famille, et celles d’un état“.(1)
Ce qui est vraiment intéressant, à mon sens, c’est que la notion de phronèsis ne rentre pas dans l’opposition classique – et qui à mon sens n’a aucun sens – entre science fondamentale et science appliquée. La phronèsis représente un troisième terme. Aristote distinguait effectivement (2): Continue reading “Les Devoirs” de Cicéron (1) : Le concept de “Phronèsis”→