Louis XI dans la littérature classique

Ce week-end (11-12 sept. 2021), ce sont les Journées médiévales Louis XI à Genappe… Peut-être est-ce l’occasion de découvrir (ou redécouvrir) la présence de ce Roi de France, qui a passé 5 ans à Genappe, dans certaines des plus grandes oeuvres de la littérature française !

Quasimodo amoureux d’Esméralda, par exemple, ça se passe sous Louis XI.

Victor Hugo, Honoré de Balzac, Alexandre Dumas (pour ne citer qu’eux)… ont décrit Louis XI. Parfois en tronquant un peu la réalité historique ! En voici une mini-synthèse…

Pour situer : Louis XI vit et règne à la fin du 15è siècle. C’est une période de transition, entre le Moyen-Âge qui se termine et la Renaissance qui ne va pas tarder à arriver. Et toute l’image de Louis XI dans la littérature française classique est marquée par cette dualité : dernier roi “médiéval” pour certains, premier roi “moderne” pour d’autres.

Certains le décrivent encore comme un obscurantiste, tyran, barbare, rongé par les superstitions, alors que d’autres en font déjà une figure anticipée des Lumières : un roi qui a compris que la classe montante était la bourgeoisie et qu’il fallait s’appuyer dessus pour unifier le pays.

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Souvent la foule trahit le peuple — Victor Hugo

« Souvent la foule trahit le peuple » — Peut-être connaissez-vous cette citation de Victor Hugo, très souvent répétée… bien que je n’en ai jamais trouvé la source exacte. 

Cette distinction entre la foule et le peuple est fondamentale pour comprendre la démocratie. On traduit souvent demo-cratie, comme « le pouvoir-au-peuple ». Pourtant, le terme « demos » [δῆμος] , utilisé par exemple par Aristote dans La Constitution d’Athènes, est à comprendre dans un sens plus restreint : celui de « peuple agissant en assemblée ». Lorsqu’Aristote voulait désigner le peuple en tant que masse, que multitude, que « grand nombre », c’est le mot « plêthos » [πλῆθος] qu’il utilisait (et on a gardé en français la forme « pléthore »). 

> > > La démocratie n’est donc pas la souveraineté du grand nombre, mais la souveraineté DU DÉBAT (Parmentier-Morin, 2004). C’est très important. 

Victor Hugo. Photoglyptie d’Etienne Carjat (1828-1906), 1873-1874. Paris, Maison de Victor Hugo. Hauteville House.

Et Victor Hugo a écrit un des plus beaux textes sur cette distinction entre le peuple et la foule. Le texte est intitulé « Les 7.500.000 OUI » et est publié en mai 1870. C’est ce texte qui ouvre « L’année terrible » publié en 1872.  

Tout le texte est construit sur cette opposition peuple / foule, Hugo décrit l’un, puis l’autre, puis revient sur le premier, et ainsi de suite. 

Ainsi, il écrit : 

« Ah ! le peuple est en haut, mais la foule est en bas. 

La foule, c’est l’ébauche à côté du décombre;  

C’est le chiffre, ce grain de poussière du nombre; 

C’est le vague profil des ombres dans la nuit;

La foule passe, crie, appelle, pleure, fuit; 

Versons sur ses douleurs la pitié fraternelle. »

Puis Hugo cite toutes des grandes figures de combats pour l’indépendance ou la souveraineté, des figures antiques, comme Léonidas et Gracchus, et plus modernes comme Botzanis en Grèce, Winkelried en Suisse, Garibaldi en Italie, etc., et termine cette liste par : 

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