Brève réflexion sur la corruption politique

La Belgique se découvre une fois de plus des élus corrompus, qui ont, durant des années, détourné ou dilapidé de l’argent public (Samu social, GIAL, Publifin, ISPPC, etc…) Et une fois de plus, on va avoir droit aux interminables discussions sur la “bonne gouvernance”, l’ “éthique”, sur ce qui est “légal” et ne l’est pas, etc…

Pour rendre un système efficient, il n’y a rien de mieux que le temps, les essais, les erreurs et les ajustements successifs. En terme de démocratie, nos ancêtres grecs et romains ont eu plus de 500 ans pour affiner la “démocratie antique” (du 6ème-5ème siècle av. JC jusque plus ou moins à la mort de Jules César, en 44 av. JC). Nos “démocraties modernes” ont à peine plus de 200 ans (depuis les révolutions françaises et américaines ).

Autrement dit, il nous reste PLEIN DE CHOSES À RÉINVENTER !

Le droit romain, par exemple, prévoyait le crime de “PÉCULAT” (peculatus) : le vol de l’argent public… OU sa dilapidation ! Voyez comme nos ancêtres étaient futés : ils avaient mis sous le même crime le fait de détourner l’argent public et le fait de le dilapider (par exemple avec des consultants grassement payés durant des décennies… pour coller à l’actualité !)

De plus, ils avaient encore affiné un peu l’idée, certainement pour que le droit colle davantage à la réalité des cas, en distinguant le crime de “peculatus“, du crime de “pecunia residua” : détourner l’argent dont on avait la charge !

Ces actes étaient considérés comme des crimes et relevaient donc du droit criminel. Le fait de voler son peuple, pour un représentant, était d’ailleurs l’un des crimes les plus détestables pour les Romains. D’où les peines lourdes ! Le châtiment est cité dans la lex Iulia Peculatus (formulée par César ou par Auguste) : l’interdiction de l’eau et du feu (aquae et ignis interdictio), c’est-à-dire la mise au ban de la société.

Cette décision était la conséquence d’un vote du peuple : personne ne devait accueillir le coupable ni lui offrir de l’eau ou du feu, d’où le nom de la mesure. En outre, si l’exilé revenait, il pouvait être assassiné en toute impunité !

En outre, l’auteur du crime de péculat devait rembourser QUATRE FOIS la somme qu’il avait détournée ou dilapidée !!

Pour Cicéron, considérer le gouvernement comme une source de revenus n’était pas seulement honteux, mais également criminel et infâme. Pour lui, s’approprier les fonds de l’Etat était à la fois immoral et illégal…

En Belgique, combien de mandataires (en particulier au Parti Socialiste : Maïeur, Peraïta, Moreau, etc…) devraient rembourser quatre fois les sommes détournées et devraient être bannis de toute vie publique ? Ca ferait rentrer de l’argent dans les caisses de l’Etat et ça nettoierait un peu les institutions.

Si ça vous intéresse, je conseille l’excellente thèse de Cristina Rosillo López: “La corruption à la fin de la République romaine (IIe-Ier s. Av. J.-C.) : Aspects politiques et financiers”. https://doc.rero.ch/record/…/files/1_these_RosilloLopezC.pdf   Une lecture beaucoup plus intéressante que toutes les analyses sur la “bonne gouvernance” et l’ “éthique en politique” qu’on lit à longueur de journées.

Et puis, il y a également mon podcast sur Cicéronhttps://soundcloud.com/yvespa…/podcast-5-redecouvrir-ciceron
Ainsi que la version textehttp://www.yvespatte.com/?s=ciceron

Big up à Transparencia et à Cumuleo pour le travail qu’ils font en Belgique en vue de rendre notre démocratie plus efficiente !

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