D’abord être moins dépendant de l’État…

Je suis pour le moins d’État possible. 

Mais contrairement aux partis libéraux et libertariens, je ne pense pas qu’une telle démarche puisse débuter par la revendication politique d’une diminution de l’État. On ne peut pas, à mon sens, revendiquer une diminution du pouvoir de l’État sur les individus sans s’assurer d’abord que ces individus aient repris du pouvoir sur tous les éléments de leur vie. 

À bien des égards, et pour bon nombre de personnes, l’État joue le rôle d’une bouée de sauvetage. On ne peut pas retirer la bouée sans s’assurer qu’un maximum de monde sache nager. 

Il faut qu’on soit moins dépendant de l’État, pour pouvoir demander moins d’État. 

C’est en cela que la notion d’empowement est à la base de tout ce que je peux écrire et revendiquer au niveau politique.

Il faut qu’un maximum de monde reprenne du pouvoir d’agir sur son alimentation, sur sa santé, sur son corps. Nous devrions toutes et tous être capables de nous nourrir en cultivant et en élevant une partie de ce que nous mangeons. Nous devrions toutes et tous être capables de faire ce qu’il faut pour être en bonne santé. 

Il faut qu’un maximum de monde soit capable de se créer ses propres moyens de subsistances, de développer son activité, de vivre de ses propres projets. Ce n’est pas seulement qu’il faut moins d’État pour favoriser l’entrepreneuriat, il faut aussi que de moins en moins de monde dépende de l’État pour son emploi et pour ses conditions de travail, pour pouvoir demander moins d’emprise de l’État sur le travail. Il faut qu’un maximum de monde soit capable de se créer des conditions de travail favorables pour ne pas avoir besoin que l’État assure ces conditions favorables. 

Ca passe évidemment pas un immense travail d’éducation, et en particulier par un enseignement le plus libre possible, et des pédagogies les plus actives et participatives possibles. À ce niveau, “empowerment” et “éducation active” sont pratiquement synonymes (voir Paulo Freire). Être capable de “faire par soi-même” s’apprend.

Il faut que les communautés locales reprennent du pouvoir d’agir. Moins d’État ne signifie pas moins de “collectif”. Que du contraire : un État surpuissant tend à réduire les solidarités locales et à atomiser les individus. Il faut reconstruire des communautés locales capables de rependre en main leur environnement, un peu sur le modèle des “communs” d’Elinor Ostrom. Et cela, avant de demander moins de gestion étatique de ces biens communs. 

Il faut que ces communautés locales réapprennent à prendre des décisions, régulières, en assemblées démocratiques locales, pour ne plus avoir à dépendre d’une bureaucratie étatique et centralisée, pour les décisions qui les concernent. 

Et il faut une vraie morale pour pouvoir demander que cesse l’”inflation réglementaire et normative”, par laquelle l’État prétend légiférer jusqu’au moindre comportement. Peu importe, pour moi, que cette morale soit religieuse ou laïque, que vous vous référiez au Christ, à Sénèque ou à Ferry, du moment que vous soyez capable de distinguer le Bien du Mal et que vous préfériez la vertu au vice. Et parmi ces vertus : le fait que les plus forts aident toujours les plus faibles, et le fait de ne pas discriminer les individus sur leur sexe, leur peau, leur origine, leur religion, leur culture, etc.  

Ce ne sont que quelques exemples. Et je m’étonne toujours que les partis libéraux et libertariens ne consacrent pas 80% de leur temps et de leurs efforts pour organiser des formations en permaculture, pour mettre en place des potagers collectifs et des marchés locaux, pour former à la médecine naturelle et préventive, pour expliquer qu’il n’y a pas lieu de distinguer les individus sur leur sexe, leur peau, etc., pour aider toutes celles et ceux qui veulent lancer leur activité, pour promouvoir des pédagogies actives, pour organiser des assemblées citoyennes locales, etc. 

Sans tout cela, les revendications de beaucoup de partis libéraux et libertariens ressemblent à un gros “YOLO” : on enlève la bouée et tant pis pour celles et ceux qui couleront ! Ce n’est pas ça le libéralisme ou le libertarisme. On ne reconnaît ni l’individu, ni ses droits, ni sa liberté inaliénable, en le laissant couler. Pas plus qu’en lui fournissant une bouée à vie. Ni l’un, ni l’autre n’est émancipateur. 

Apprendre à nager est émancipateur.  

Toutes mes publications, toutes mes activités, depuis ces 15 dernières années, sont orientées vers cette idée d’empowerment, vers l’idée de reprendre du pouvoir d’agir, pour être moins dépendant de l’État… 

Je ne pense pas qu’on puisse changer “la société” par la politique. Je pense qu’un projet politique *doit* se construire sur un changement de société. 

👉 Si ça vous parle, jetez un coup d’oeil sur la colonne vertébrale d’un projet politique – principalement “humaniste” – qu’on commence à être un petit nombre à porter ➡️ http://www.yvespatte.com/2020/03/et-si-on-devait-construire-un-mouvement-politique/

Et si vous êtes intéressé ou intéressée : Please SHARE 👍👍 Ce genre de projet ne peut se construire que par la réflexion collective ! 😉

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