Pourquoi ne pas segmenter ses contacts sur les réseaux sociaux ?

Il y a plus de deux ans, j’écrivais un article intitulé “Dois-je accepter mes élèves sur Facebook ? Ou comment devenir un prof 2.0 ?“, qui reste à l’heure actuelle, l’article le plus lu sur ce blog… Cet article m’a également valu de répondre à plusieurs interviews et d’intervenir lors de quelques conférences.

J’y proposais une utilisation des réseaux sociaux, dans laquelle on ne cloisonne pas les différentes parts de son identité. On se présente avec un seul profil, proposant une “image composée mais unique“. Parce que vous n’êtes jamais seulement un prof, ou un amateur de tel style musical, ou le pratiquant de tel sport, etc. Vous êtes tout cela à la fois !

Concrètement, à destination des professeurs, je proposais d’essayer de ne pas créer, par exemple, un profil Facebook réservé à leur identité de prof, et un autre (ou des autres) profil(s) regroupant tout ce qui fait qui ils sont également : leurs goûts artistiques, leurs passions, leurs rêves de voyage, leur vie de parents, leurs engagements citoyens, etc. Un profil unique, mais composé – s’il reste matrisé -, est à mon sens beaucoup plus enrichissant.

POURQUOI ? Parce que si, vous, vous êtes complexes, vos contacts le sont tout autant.

Si l’on segmente ses différents groupes d’appartenance, on a tendance à restreindre chaque contact à une part de son identité, et on ne partage des infos professionnelles qu’à ses collègues, des infos sportives à ses amis de club de sport, des infos musicales à ses amis qu’on catalogue comme amateurs de ce style musical, etc.

L’expérience de n’avoir jamais segmenté m’a montré que la richesse des échanges est dans ces moments inattendus où les gens qu’on connaît (ou croyait connaître) se révèlent sur des sujets qu’on n’attendait pas. Si je prends mes propres réseaux, mes collègues sociologues ou enseignants peuvent effectivement être intéressés par (c-à-d “liker“, commenter, etc.) un article que je partage à propos de l’alimentation paléo ou du CrossFit. Et mes collègues sportifs et les gens que j’entraine peuvent tout à fait être intéressés par une publication que je partage en matière de société, de politique ou de communication. Après tout, les premiers peuvent tout autant être concernés par leur corps et leur santé et les seconds sont aussi des citoyens, qui ont leurs propres opinions sur la chose sociale…

Et les uns comme les autres peuvent apprécier un morceau musical que je partage sur Spotify, une vidéo de Skate sur Youtube, ou un tatouage “épinglé” sur Pinterest

Tout ce partage d’articles, photos, vidéos, entre groupes d’appartenance, n’aurait pas été possible si j’avais segmenté ces groupes et n’avais publié que des infos de sociologie pour mes collègues sociologues, etc…. vous avez compris le principe ! (Je pense d’ailleurs que c’est en cela que Google Plus ne décolle pas : cette richesse des échanges est perdue à cause des “cercles”).

Alors, faites sauter les segmentations (groupes, listes, cercles, restrictions) dans vos contacts, et présentez tout ce qui compose votre identité avec d’autres, tout aussi complexes et composés que vous !

Campagne politique et réseaux sociaux

Le hasard des découvertes sur les réseaux sociaux fait que je découvre aujourd’hui, à la fois le groupe Facebook “Communales / Provinciales 2012 : le meilleur du pire“, recensant les pires photos et vidéos de celles et ceux qui se présentent aux prochaines élections en Belgique, et, de l’autre côté, ce Tweet et cette photo d’Obama, répondant aux critiques qui lui étaient adressées. 

Le jour. La nuit. Au niveau de l’utilisation des réseaux sociaux et de la gestion de l’image. Et on comprend qu’Obama soit décrit comme le “premier Président ‘Digital’ au monde“. Fast Company publie un article intéressant sur les points forts de la campagne digitale de l’équipe d’Obama :

  1. Un travail d’équipe, au sein duquel il faut compter la présence de Michelle Obama sur Twitter (1,5 millions de “followers”).
  2. La volonté de toucher les “Influencers” et les “Early adopters”. Alors que Romney “achète” des “Trending Topics” sur Twitter, l’équipe d’Obama arrive à faire en sorte que les propos d’Obama deviennent, de manière organique, un “Trending Topic”. Plus naturel…
  3. Une bonne utilisation des photos, dont celle ci-dessus est un excellent exemple : c’est classe, un peu taquin, très hip-hop dans l’attitude,  et on comprend le message en une seconde, “Ce siège n’est pas à prendre“, face à ceux qui disaient qu’ils n’occupaient pas son poste de Président… Une photo vaut 1000 mots. Selon une étude, 44% des répondants rentreront plus facilement en relation avec une marque si celle-ci poste des photos…
  4. La perception de la campagne digitale comme un marathon, c’est-à-dire sur le long terme. Même durant les moments creux de la campagne, Obama produit beaucoup plus de Tweets et de blog posts que Romney. L’équipe d’Obama a bien compris qu’une manière de créer la dynamique est d’amener les citoyens à s’engager dans des conversations.
  5. Une compréhension claire que l’Internet est maintenant mobile. Et c’est peut-être ce qui a le plus changé depuis la dernière campagne, où ni les tablettes, ni les smartphones n’avaient le poids actuel.

Ce n’est pas simplement de la communication politique, c’est du Personal Branding. Et on ne construit pas son image médiatique et digitale en une affiche, ou une vidéo. C’est une somme de publications sur les réseaux sociaux, qui sont autant d’interactions avec des électeurs (ou des consommateurs… ou des élèves dans d’autres situations).

Elections 2012 : Quels partis utiliseront efficacement les réseaux sociaux ?

Genappe, 2012… ou 1972 ?

Pour les élections communales et provinciales de 2012, en Belgique, quels partis utiliseront efficacement les réseaux sociaux ? Quels candidats seront capables de retenir l’attention de l’électeur grâce aux réseaux sociaux ? Et quels candidats feront une campagne digne des années ’90… voire même des années ’70 ? 

Alors que les réseaux sociaux et tous les moyens technologiques actuels permettent une interaction permanente, que ce soit entre les internautes, entre une marque et ses consommateurs… ou entre un parti et ses électeurs, beaucoup de partis et de candidats restent dans une stratégie de communication unilatérale, digne des années ’70. Le message est “Voici qui je suis. Votez pour moi”. L’affiche électorale est le symbole même de communication à sens unique, et un peu intrusive sur les murs de nos rues…

Le problème est que beaucoup de candidats et de partis utilisent les réseaux sociaux de la même manière. Comme si un “mur” Facebook était juste un mur de plus où poster sa photo (“Votez pour moi”). Unilatéral et intrusif.

J’appellerais cette stratégie du “marketing orienté candidat“. Le message tourne uniquement autour du candidat, et non de l’électeur. Ce dernier est seulement perçu comme récepteur passif du message. Aucune interaction.

Pourtant les réseaux sociaux sont avant tout un lieu de conversations, de discussions, d’échanges. Les marques qui ont le plus de succès dans leur stratégie médiatique sont celles qui, aujourd’hui, sont capables d’engager les consommateurs dans des interactions sur Facebook, Twitter ou toute autre plateforme internet.

J’appellerais cette stratégie du “marketing orienté électeur“. Par les réseaux sociaux, les candidats interagissent et discutent avec les électeurs potentiels, suscitent des débats et les invitent à prendre part à la campagne. De cette manière, l’interaction peut être enrichissante pour l’électeur potentiel. Et surtout les partis peuvent être à l’écoute des électeurs et de leurs préoccupations. Bilatéral et beaucoup moins intrusif. De la démocratie plus participative en somme.

Mais pour l’instant, je n’ai vu que TRES peu de candidats adopter cette stratégie “orientée électeur”. La plupart continuent à poster leurs photos électorales sur le net et à faire du “Votez pour moi“…

Les candidats pourraient, au contraire, utiliser les réseaux sociaux pour :

  • poser des questions aux citoyens et susciter des débats.
  • poster des informations utiles aux citoyens, que ceux-ci pourraient partager à leur tour.
  • créer des communautés de discussions sur des enjeux spécifiques.
  • détecter de quoi parlent les électeurs sur Twitter ou Facebook par exemple, et participer aux discussions.
  • définir qui sont les “influencers“, et sur quels sujets, à l’aide de Klout.com par exemple.

L’enjeu est important : le parti qui adoptera une telle stratégie de communication sur les réseaux sociaux sera celui qui touchera le plus les jeunes… 😉

“CrossFit Community” : What does that mean ?

Thijs (CrossFit “Gym Project”), me (CrossFit Brussels) & Bert (CrossFit Antwerpen)

What is a « Community » ? In the CrossFit world, everyone is talking about the « community ». And, sometimes, some people are inclined to think that they are « more » in the community than others, that they do « more » for the community than others.

But what does that mean, a « Community » ?

Sociologists, as Lipiansky, define « Community » as a form of association, in which there is personal, functional and affective relations between members. It means that a « community » is more than a « group » or a « category », in which members only share some common characteristics. Being all CrossFitters on a limited territory (a country or a region) does not constitue a « community ».

Relations inside a community show affectivity and proximity. That’s the difference between the « community » and the « society », the classical distinction between « Gemeinschaft » (community) and « Gezellschaft » (society), by the German sociologist Tönnies. If the « community » is based on affectivity, the « society » is, in contrast, based on rationality (rules, common goals, etc.).

As Weber, an other famous sociologist, says, the communalization of social relationships is based on a sense of solidarity : the result of emotional or traditional attachments of the participants. In that sense again, the « community » seems more based on emotional and affectual link. That’s why he categorizes the spiritual brotherhood, the family, or the comradeship of a military unit as forms of community. That’s CrossFit. As Bert, from CrossFit Antwerpen told me : is there a better way to know someone than doing a workout side by side ?

And this picture above reflects for me what could be a « CrossFit Community » : when we can laugh together, when we have fun together, when we know each other, when we are happy to meet each other at events, when we send mails just to ask « how are you ? », « how is your gym », when we are becoming friends, and not just colleagues… That’s what I see on this picture.

Weber adds this point : « communalization » is, in the sense used here, normally the direct opposite of « struggle ». But, he says, this should not be allowed to mislead us into thinking that violence cannot be found in a community.

Why ? Because, we can think that a community (as CrossFit) is also a « Field », as defined by Bourdieu, in which there is struggle about the boundaries of the field : Who is inside, and Who is outside ? Just like in every artistic field : Who represents the real hip-hop ? Who is a traitor ? Who does real old-school hip-hop ? And who does pop music ? Who represents integrity ? And who is sold out to commercial music ? A field is always a place in which there is a struggle about the boundaries of the field.

But I really think that, at local level, we can build a real « community » based on affective links, comradeship and knowledge of each other. Psychologically, we all need to be integrated : a part of our identity is built on our participation to social groups. And the degree of our integration can be measured by the feeling of knowing other members of the group, to be able to identify them, and to be known by them. This also means that social media are a great tool to build that kind of community : adding each others on Facebook, sharing pictures on wich we identify each others, sharing links, keeping the contact between events, and all that things.

That’s what I see on this picture

Garage Gym et Open-Source : Sur quel modèle économique se développe le CrossFit ?

Le CrossFit a quelque chose de fascinant… et de très surprenant au niveau commercial. Cette méthode d’entrainement représente des milliers de salles dans le monde, salles qui paient toutes leur affiliation; et pourtant, la communauté CrossFit cultive l’esprit de l’entrainement chez soi, dans son garage, dans son jardin, etc., le fameux “Home Gym” ou “Garage Gym“.

Régulièrement, CrossFit main site (crossfit.com) présente ainsi des athlètes renommés, dans leur garage, ou s’entrainant en rue. Dernièrement, c’était Pat Sherwood qui nous présentait son “home gym” personnel, à savoir son garage.

Il y a quelques temps, trois des athlètes CrossFit les plus connus, Jason Khalipa, Dave Castro et Dave Lipson étaient filmés lors d’un workout… dans un garage, alors qu’ils sont propriétaires de salle (de CrossFit Exodus pour Lipson, de CrossFit Santa Clara pour Khalipa; Dave Castro quant à lui est carrément “Director of Training” pour CrossFit inc.). Entre boîtes à outils, vélos et caisses en carton, ils exécutaient un “CrossFit Total” : une répétition maximale de squat, press, deadlift.

Vous pouvez construire, pour pas trop cher, un espace d’entrainement de classe mondiale dans votre garage“, disait Greg Glassman, fondateur du CrossFit, dans un article de 2002, intitulé “The Garage Gym“.

On imagine mal les chaînes fitness classiques (Fitness First, Passage Fitness, Fit for Fun, etc.) vous dire que vous pouvez vous entraîner chez vous. Mieux encore, CrossFit.com vous fournit la liste de matériel à acheter et les bonnes adresses !

Et pourtant, le CrossFit est un véritable business qui, loin de subir la crise, a continué à se développer alors que les autres chaînes fitness subissaient des pertes ou du moins un ralentissement. De 2007 à 2009, le nombre de salles CrossFit est passé de 300 à 1350 ! Et chaque week-end, entre 100 et 200 nouveaux coachs sont certifiés dans le monde, leur permettant d’ouvrir une nouvelle salle. Et chacun de ces séminaires est sold-out !

Aux CrossFit Games 2007, le vainqueur gagnait $500. En 2010, il en a gagné $25.000. Pour 2011, le prix prévu est de $250.000 !

Alors comment le fait de promouvoir l’entrainement dans son garage peut-il permettre de développer un business de milliers de salles, capable d’offrir $250.000 lors d’une compétition ?

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Comment parler en public ? … et bien d’autres conseils de Dale Carnegie

Photo by Chicago 2016

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« Comment parler en public » de Dale Carnegie est probablement l’ouvrage le plus utile et pratique pour toute personne amenée à donner une conférence, animer une réunion, ou simplement parler devant un groupe de personnes. Mais les conseils de Carnegie vont bien plus loin : confiance en soi, persuasion, call-to-action, intérêt du public/lectorat/auditorat, etc. Tout y est. Vous y trouverez des conseils précieux, que vous soyez professeur ou bloggeur. Personnellement, j’ai entièrement repensé ma manière de donner cours, ainsi que ma manière d’écrire sur internet, à sa lecture. La première version de cet ouvrage, en anglais, date pourtant des années 1920 !

Comment lire cette synthèse ? L’ouvrage est en fait un recueil de textes, qui se répètent par moment, se complètent, se précisent. J’ai donc tenté de rédiger une synthèse qui fait ressortir les points les plus importants (en majuscule et numérotés). Pour chacun de ces points, vous trouverez un ensemble de citations du livre, avec le numéro de page, vous permettant de retrouver le passage dans le livre. Il s’agit de la version de poche, publiée chez Hachette en vendue sur Amazon.fr (pour seulement 4,75 € !)

Vous pouvez vous servir de cette synthèse pour préparer une conférence, un cours, un article, pour vous orienter au sein de l’ouvrage ou pour y puiser des citations de Carnegie.

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Dois-je accepter mes élèves sur Facebook ? Ou comment devenir un prof 2.0 ?

Temps de lecture : 7 à 10 minutes

De nombreux enseignants, surtout parmi les plus jeunes, ont un compte Facebook. Coup classique : les élèves ont fait leur petite recherche et envoient une demande pour être « ami » sur Facebook. Comment réagir ? Doit-on accepter ? Et que cela nous apprend-il sur le monde actuel ?

Premièrement, il faut tout de suite relativiser la notion d’ « ami ». En aucun cas, les 300 « amis » que l’on a sur Facebook ne sont réellement des amis au sens où on l’entendrait hors de Facebook. La preuve, la plupart des gens ont, dans leur liste d’ « amis Facebook », de la famille, des anciennes connaissances d’école, etc. L’argument « je ne peux pas être ami avec mes élèves » n’a donc pas réellement de sens dans le cas de Facebook. Ce qu’ils vous demandent, c’est d’être connectés sur un réseau social.

J’ai actuellement 74 élèves et anciens élèves dans mes amis Facebook, ce qui représente plus ou moins un quart de ma liste d’ « amis ». Le reste de ces amis sont de la famille, des « vrais » amis, des collègues, des anciennes connaissances, des contacts professionnels, etc. Ai-je eu des problèmes ? Aucun. Au contraire, c’est un réel atout pour l’enseignement. Pourquoi ? Parce que ça m’a forcé à ne pas segmenter les différentes aspects de ma vie.

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