Polarisation de la société : Interview sur BX1 (Bruxelles)

Suite à ma carte blanche intitulée “Notre société est-elle en train de dangereusement se polariser ?“ dans La Libre Belgique, j’ai été interviewé sur BX1 ! 

> > > https://bx1.be/radio-chronique/linvite-societe-yves-patte

En 10 minutes, à propos de la polarisation de la société, on a rapidement parlé :

  • d’alimentation vegan v/s carnivore,
  • de port du voile,
  • de mobilité et aménagement du territoire,
  • du rôle des médias traditionnels,
  • des réseaux sociaux et de leur biais de confirmation.

Et on a terminé sur le LOCALISME. Je suis convaincu que ramener les décisions à une échelle locale, avec les personnes directement impactées par ces décisions, est la meilleure manière d’éviter ces polarisations et l’éclatement de la société.

Je pense que dans les années à venir, on va beaucoup parler de LOCALISME, et ce n’est actuellement porté par AUCUN parti politique…

Parution de ma carte blanche “Notre société est-elle en train de dangereusement se polariser ?”

La Libre Belgique publie aujourd’hui ma carte blanche intitulée “Notre société est-elle en train de dangereusement se polariser ?

Je suis très heureux qu’elle paraisse en ce début d’année (je l’avais envoyée il y a quelques semaines), parce que ce texte pourrait tout à fait remplacer mes voeux pour cette année à venir…

L’éclatement d’une société me fait au moins autant peur que son effondrement (si pas davantage). Et tout se passe comme si on allait toujours vers une plus grande polarisation de chaque débat, de chaque question : vegans contre carnivores, #velotaf contre SUV, technophiles contre technophobes, Team Greta contre Team anti-Greta…

“Comme si nous n’avions plus les outils pour penser les faits de société et que, par conséquent, par défaut, nous tendions vers les extrêmes. Comme si nous n’étions plus capables de réfléchir à nos positionnements sur des nuances de gris, et que par conséquent, nous nous réfugions sur le “tout noir” ou le “tout blanc” “.

En très résumé, cette polarisation : Continue reading Parution de ma carte blanche “Notre société est-elle en train de dangereusement se polariser ?”

Appareils connectés et portables : des questions en termes de santé et de liberté

Un très bon texte à lire : “Wearables: the New Handcuffs ? Silicon Valley Surveillance Meets Healthcare’s Mechanisms of Control“.

Ce texte parle des appareils connectés et portables (“wearables” en 🇬🇧) et de leur utilisation en matière de santé. Je vous en fais une brève synthèse en 🇫🇷, et je rebondirai sur certains points…

L’auteur est Russ Greene, directeur de la recherche et des relations avec le Gouvernement, au sein de CrossFit, Inc.

Le texte pointe du doigt 3 tendances actuelles du monde de la santé et du fitness qui pourraient nous amener tout droit dans un univers orwellien : ⤵️

1) la médicalisation de la vie quotidienne (de l’alimentation, du mouvement, du sommeil, etc.)
2) les appareils de surveillance portables et connectés
3) le contrôle par l’Etat des données relatives à notre santé

Première chose : il faut bien comprendre que ce genre de préoccupations explique aussi les craintes vis-à-vis de l’ “Obama Care” aux Etats-unis. Certains des architectes de cette réforme du système de protection sociale aux États-Unis ont effectivement prévu un monitoring des patients en temps réel, grâce à des appareils connectés.

Point par point :

1) la médicalisation de la vie quotidienne commence par la “pathologisation” de la santé. Au lieu d’encourager les médecins à éduquer aux comportements sains, la tendance est au fait de considérer toute personne comme un patient potentiel qui devrait bénéficier de traitements, que ce soit en matière d’alimentation, d’exercice ou de sommeil. Continue reading Appareils connectés et portables : des questions en termes de santé et de liberté

Le besoin de communauté

Je suis persuadé qu’actuellement, nous ne faisons que recréer des paroisses. Lors du Séminaire #HealhtyBusiness (à CrossFit Nivelles), je parlais de la construction de communautés dans le CrossFit, et du lien avec les communautés religieuses. Et tout ce que j’ai dit lors de cette conférence vaut pour beaucoup de projets “en transition” également…

Cet article est celui du membre d’une église américaine qui décrit le manque de communauté de son église. Merci à internet d’avoir mis, par hasard, cet article sur mon chemin. Comment ? Je ne sais pas, mais merci ! Prenez le temps de le lire, c’est très intéressant !

> > > “Church Without Community“, The American Conservative, 12 décembre 2019.

Ca me conforte dans l’idée qu’on a besoin de ce niveau intermédiaire entre la famille et “la société”. Et les paroisses représentaient une forme de communauté, avec toutes les caractéristiques des liens communautaires : un sentiment d’appartenance, de l’interconnaissance (on sait qui est qui), de la solidarité, de l’entraide, de l’affectivité, etc. Continue reading Le besoin de communauté

Parution d’une étude sur la mobilité des Belges (SPF Mobilité et Transports)

Il y a pas mal de choses intéressantes, mais je voudrais relever 3 choses :

1) Les déplacements nous prennent en moyenne 1 heure par jour (58 minutes). Sur une année, ça représente 15 jours (15,2 x 24 heures) !! Celui ou celle qui réduit ses déplacements au minimum gagne chaque année des jours entiers, de travail… ou de loisirs !

2) 63% des déplacements sont inférieurs à 10 km. Mais dès qu’on dépasse les 2 km, c’est la voiture 🚗 qui prédomine. DONC si on améliore au niveau communal les conditions de déplacement à vélo sur des distances entre 2 et 10km (majorité des déplacements), on aura un très gros impact sur la mobilité ! C’est probablement un levier essentiel pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

 

3) Une manière de favoriser la mobilité douce est certainement de redynamiser l’économie locale, en particulier les commerces. Encore 65% des courses se font en voiture, comme conducteur (51%) ou comme passager (14%). C’est même plus que les déplacements domicile-travail : 58% en voiture (conducteur + passager). Comment augmenter la part de déplacements à pied ou à vélo ? 👉 En favorisant les commerces de proximité.

Enquête à lire ici [PDF] 

Goodbye Citizenship, Hello ‘Statizenship’

Un article intéressant : un regard sur l’Inde, mais qui s’étend bien au-delà, avec un angle de lecture nouveau sur la montée des populismes autoritaires.

> > > L’ idée de “citoyenneté” s’inscrit dans toute une tradition démocratique et libérale de participation libre et égale à la vie politique. Depuis la Grèce antique, la Rome antique, et puis les révolutions anglaise, américaine et française des 17ème et 18ème siècles.

Mais 200 ans d’Etat-Nations ont progressivement fait glisser la citoyenneté de la “Cité” à l’Etat. De qualité de “citizens” (citoyens), nous devenons avant tout des “statizens”. Je ne sais pas comment traduire cela : des “étatiens” ?

Le contrôle de l’Etat (reconnaissance faciale, etc.) est une dimension de ce renforcement et de cette centralisation de l’Etat, devenant de plus en plus le “géométral de toutes les perspectives” comme disait Bourdieu (c’est moi qui rajoute, l’auteur fait, lui, référence à Foucault). Notre identité, nos droits, ne relèvent plus de droits universels, ou de l’appartenance à une Nation, mais de documents octroyés par un Etat très fort. Continue reading Goodbye Citizenship, Hello ‘Statizenship’

Le Vlaams Belang (extrême-droite), premier parti de Flandre, dans un récent sondage…

“Everybody wants to go to heaven, but nobody wants to die” : Ca résume très bien l’attitude de l’ensemble des partis “démocratiques” face à cette montée de l’extrême-droite : tous ces partis aimeraient certainement que le Vlaams Belang n’ait pas autant de poids dans le champ politique belge… mais aucun n’est prêt à faire ce qu’il faudrait faire pour que ça ne soit pas le cas.

A savoir (prioritairement) : réfléchir à la structure du territoire, et créer les conditions d’une réelle participation des citoyens et citoyennes aux prises de décision.

1) Le territoire.

La montée de l’extrême-droite n’est PAS “SCALE FREE” : Aux dernières élections fédérales (mai 2019), le Vlaams Belang (VB) s’est retrouvé 2ème parti de Flandre et 3ème parti belge. Ce que montre le sondage Le Soir / RTL Info / Ipsos Belgium publié ce week-end, c’est que le VB est maintenant le 1er parti de Flandre avec 27,3% des intentions de vote. En extrapolant le nombre de sièges que ça représenterait à la Chambre (donc au niveau belge), le Vlaams Belang serait le 1er parti belge, avec 27 sièges !!

POURTANT, comme je l’ai déjà expliqué, au niveau provincial, le Vlaams Belang n’est dans aucune coalition. Aux dernières élections provinciales (octobre 2018), il ne s’est jamais mieux classé que 4ème parti. Le plus de sièges qu’a le VB dans les conseils provinciaux, c’est 6 sièges sur 36 (16,7%), dans les provinces d’Anvers et de Flandre orientale. Ailleurs, c’est moins.

Au niveau communal, il n’y a qu’à Ninove (à ma connaissance) que le VB a terminé en tête aux dernières élections (40%). Une commune de 39.000 habitants. Il était le 2ème parti à Alost et Turnhout; 3ème à Roeselare. A Anvers, le Vlaams Belang est seulement le 4ème parti. Et il y a énormément de communes où le VB a fait un très mauvais score, loin derrière les autres partis. Continue reading Le Vlaams Belang (extrême-droite), premier parti de Flandre, dans un récent sondage…

Quelle est la bonne taille pour une ville ?

Petite synthèse sur les villes à taille humaine (et durables)

Si vous me suivez depuis un petit temps, vous savez que la question de l’échelle est primordiale pour moi, en particulier le fait de garder des échelles “humaines” dans le développement de nos sociétés. Ca rejoint aussi la question de la structuration du territoire.

Ces questions, Léon Krier, architecte et urbaniste luxembourgeois, né en 1946, y a admirablement répondu dans un texte que l’on peut trouver ici en ligne

Je vous en fait un résumé en français :

1) L’unité territoriale de base, c’est le quartier (“urban quarter”). La ville (“city”) doit être pensée comme une fédération de quartiers autonomes. Grande ou petite ville, ça dépend uniquement du nombre de quartiers fédérés.

2) Chaque quartier doit avoir son propre centre, sa périphérie et ses limites. En fait, chaque quartier est comme une “petite ville” dans la ville. L’article de Léon Krier a pour titre The City Within the City.

3) Un quartier doit intégrer toutes les fonctions quotidiennes de la vie urbaine : logement, travail, loisir… dans un territoire dont les dimensions se basent sur le confort d’une personne qui se déplace à pied (c’est-à-dire pas plus de 35 hectares et 15.000 habitants). Continue reading Quelle est la bonne taille pour une ville ?

Exemple de différence en théorie et pratique n°45672 : le “racisme anti-blanc”.

Est-ce que le racisme est systémique et structurel ? Oui, le racisme s’inscrit dans une relation de domination d’un groupe sur un autre. C’est un ordre social qui produit et reproduit des inégalités (d’accès à l’emploi, au logement, à l’enseignement) à partir de la couleur de peau et/ou de l’origine ethnique (parfois de la religion, de l’origine géographique, etc.). Donc, ce n’est pas symétrique : le racisme, inscrit dans les structures sociales (qu’on peut observer en termes d’accès à l’emploi, etc.), relevant de la domination d’un groupe sur un autre (“racisme anti-noir” pour faire simple), n’est pas la même chose que les réactions des populations dominées envers le groupe dominant (“racisme anti-blanc”).

(Un bon petit livre sur le sujet : “La mécanique raciste” de Pierre Tevanian, 2008).

Mais dans le pratique, je ne serai pas plus votre pote si vous n’aimez pas les Blancs que si vous n’aimez pas les Noirs. On ne sera pas plus pote si vous êtes juif et que vous n’aimez pas les musulmans, ou si vous êtes musulman et n’aimez pas les juifs. Et même chose, je ne serai pas plus pote avec un homo hétérophobe qu’avec un hétéro homophobe.

En bref, si vous avez cette légère tendance à classer les gens sur leur couleur de peau, leur origine ethnique, leur religion, leur sexe ou leur sexualité, à faire des généralisations au sein de ces groupes, et à développer des comportements discriminatoires et/ou haineux à leur encontre… on a peu de chances d’être potes, que vous soyez dans un groupe dominé ou dans un groupe dominant. Dans ma vie quotidienne, je jugerai de la même manière les différentes formes de racisme.

Et je rajouterais encore que 99% des discussions sur le sujet dans les médias opposent des intellectuels qui expliquent des phénomènes (structurels), et des individus qui parlent de leur vécu et des principes qui les guident dans leur vie quotidienne. Ces discussions ne servent à rien…

Extrême-droite et publicités Facebook

“Le Vlaams Belang est le 1er parti en Flandre grâce à ses pubs Facebook” IS THE NEW “les jeunes sont violents à cause des jeux vidéos”…

… Pour préciser : Ces 20 à 30 dernières années, les politiques ont reproduit des conditions que Hannah Arendt, par exemple, décrivait dans “Les origines du totalitarisme” (1951) :

  • Des masses de population qui ne se reconnaissent plus dans aucun parti (p. 311), ni dans la classe dirigeante (pp. 312-313) qu’elles perçoivent comme corrompue (p. 353) et décadente (p. 468).
  • Des masses d’individus isolés, atomisés (p. 323) qui ne composent plus un groupe solidaire, et qui sont généralement insatisfaits et sans réel espoir (p. 315).

> > > Une phrase-clé des 500 pages de l’ouvrage est, à mon sens, celle-ci :

“Les masses détestent la société dont elles se sentent exclues, autant que les parlements dans lesquels elles ne sont pas représentées” (p. 107).

… Et quand, aujourd’hui, ces totalitarismes repointent le bout du nez, les politiques vont nous dire qu’il faut vite réguler les pubs sur les réseaux sociaux pour lutter contre ces totalitarismes… #Facepalm

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Réf : Arendt, H. 1962. “The Origins of Totalitarism”, Cleveland & NY: Meridian Books.