Moi, on ne me fait pas avaler n’importe quoi

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J’aime bien ce slogan, de l’Opération 11.11.11, organisée par le CNCD (Centre national de coopération au développement) en Belgique.

J’ai effectivement l’impression qu’il y a toujours un lien entre le fait, pour un groupe social, de reprendre le contrôle de sa capacité d’action et de décision, et le fait, pour un individu, de reprendre en main son alimentation, sa santé, son physique. Dans un cas comme dans l’autre, on est dans une logique d’Empowerment.

Ne pas avaler n’importe quoi, c’est ne plus se laisser diriger sans réfléchir. Ne pas avaler n’importe quoi, c’est ne plus se laisser nourrir sans réfléchir. C’est re-devenir acteur de ses actes, acteur de ses décisions, qu’elles soient politiques, éthiques ou alimentaires.

Ce qui nous distingue le plus du chasseur-cueilleur auquel on se réfère lorsqu’on parle d’alimentation paléolithique, c’est cette connaissance de ce qu’on avale.

  • Bien que le chasseur-cueilleur n’avait pas de connaissances scientifiques de ce qu’il mangeait (macro et micro-nutriments, etc.), il savait précisément ce qu’il mangeait, puisque c’était forcément ce qu’il avait, lui-même (ou ses proches), chassé, pêché, cueilli ou ramassé de la journée. Il savait précisément de quel arbre ou plante provenaient les feuilles qu’il mangeait; il savait précisément de quel animal provenait le morceau de viande qu’il mangeait. On ne lui faisait pas avaler n’importe quoi.
  • A l’inverse, bien que nous ayons la connaissance scientifique (grâce à l’école) de ce que nous mangeons, le processus industriel est souvent tel que nous ne savons plus ce que nous mangeons. Nous ne savons ni d’où cela provient précisément, ni toutes les transformations qu’ont connues les choses que nous mangeons. Parfois même nous ne savons pas ce que nous mangeons, comme ce fût le cas avec la viande cheval en France. En somme, on nous fait avaler n’importe quoi.

Pour être un peu plus trash, je dirais aussi ceci : selon l’orifice dont il est question, si on introduit quelque chose dans mon corps contre ma volonté, c’est soit un viol, soit de la torture, soit un scandale de plus de l’industrie agro-alimentaire. (Attention, je ne dis pas que le traumatisme pourrait être le même, évidemment, mais dans un cas comme dans l’autre, il y a, pour l’individu, le sentiment que lui est déniée sa capacité à maîtriser l’accès à son corps et par là son intégrité physique. Comme le disait Axel Honneth (2000 : 162) : “la particularité de telles atteintes, torture ou viol, ne réside pas tant dans la douleur purement physique que dans le fait que cette douleur s’accompagne chez la victime du sentiment d’être soumis sans défense à la volonté d’un autre sujet, au point de perdre la sensation même de sa propre réalité).

Honneth, A. (2000). La lutte pour la reconnaissance. Paris : Les éditions du Cerf.

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