Brève réflexion : Twitter, espace public et liberté d’expression

Ces derniers jours, le bannissement de Trump des réseaux sociaux a soulevé de nombreux débats. Je n’ai pas réponses ou d’avis tranché. Mais ces débats renvoient à des questions qui m’intéressent beaucoup, depuis mes tout débuts en sociologie : l’espace public, les médias, les réseaux sociaux, la démocratie, la liberté d’expression, etc. Et j’ai l’impression que la place actuelle des réseaux sociaux doit nous amener à repenser certaines choses. 

Je mets ici en vrac toutes les questions que je me pose. Ainsi que quelques liens pour aller plus loin. Je fais le pari qu’on pourra créer des débats intéressants ici, sur cette page. Si ça vous intéresse, prenez n’importe laquelle de ces questions, et allez-ci, débattons ! 😉 

1) J’ai l’impression que la question n’est pas de savoir s’il y a certains propos à restreindre/interdire (appels à la haine, racisme, etc., qui sont des délits), mais QUI décide des propos à restreindre/interdire. 

=> C’est aussi ce que dit François Ruffin (et il s’est mis une grande partie de ses sympathisants à dos en disant cela) : les réseaux sociaux ont un tel pouvoir sur l’expression publique, qu’un bannissement comme celui du Président des Etats-unis doit être une décision démocratique, c’est-à-dire émanent d’une assemblée démocratique (et donc pas l’unique décision de sociétés privées).

=> Et c’est exactement ce que disait Popper dans son fameux “paradoxe de la tolérance” : pour défendre la tolérance, il faut pouvoir — en dernier recours — être intolérant avec l’intolérance, quitte à punir l’intolérant (au même titre que d’autres crimes). Mais c’est évidemment le rôle du gouvernement de faire cela. 

(Le court texte de Popper, et le texte de Platon sur lequel il se base, mériteraient tous deux une analyse beaucoup plus longue tellement ils sont intéressants et pertinents par rapport à l’actualité).

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Nouvel article paru sur Usbek et Rica

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Populisme vs renouveau citoyen : que faire quand la société coule ?“, Usbek et Rica, décembre 2016.

L’époque actuelle peut paraître incompréhensible. D’un côté, l’accession au pouvoir de leaders populistes, la libération de la parole raciste et des déchaînements de haine envers les réfugiés ; de l’autre, l’émergence de mouvements citoyens qui consacrent, dans la veine du film Demain, des initiatives solidaires, de partage, éco-responsables. Analyse de ces dynamiques antagonistes, par Yves Patte, sociologue et lecteur participatif d’Usbek & Rica.

J’y développe cette métaphore du bateau qui coule, et des différentes voies qui émergent de cette situation-là. Une première version se trouve ici. Et c’est aussi la trame de fond de cette conférence, que j’ai donnée à Paris, en juin 2016… J’y rajoute des références au Brexit et à l’élection de Donald Trump.

Merci à Usbek et Rica d’avoir publié ce texte !! Déjà beaucoup d’échanges intéressantes à la suite de cette parution ! N’hésitez pas à me faire part de vos avis, de critiques, de votre vécu par rapport à cette situation, etc.

Brève réflexion sur l’élection de Donald Trump

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#Trump, #Brexit… Autant de signes de l’écart qui se creuse entre la classe politique installée, centrée sur elle-même, défendant ses intérêts et le reste de la population. Le moins qu’on puisse dire est qu’on en a plein le c** de voir constamment les mêmes têtes, décider entre eux, d’un avenir qui ne nous convient pas du tout.

L’erreur du parti démocrate est de s’être obstiné à proposer une candidate représentant l’establishment, représentant tout ce qui est en crise dans notre société : la finance, les institutions, le carriérisme politique, etc., représentant tout ce qu’on ne veut plus. Et cela face à un candidat qui lui, précisément, s’est présenté contre ces institutions discréditées !

Trump n’est même pas soutenu par le parti républicain ! On ne peut pas dire que cette victoire consacre la victoire des Républicains sur les Démocrates. Elle consacre la victoire du rejet des institutions, et la défaite de celles et ceux qui s’obstinent à s’accrocher à un modèle de société qui s’effondre complètement.

Très récemment, l’enquête Elderman (photo) montrait que les Etats-Unis, comme le Royaume-uni, étaient les pays où l’écart de confiance dans les institutions entre la petite minorité très informée et le reste de la population était le plus grand… Et l’écart est le même lorsqu’on compare les revenus ! #Brexit #Trump

… La France ? En 1ère position, les amis !! Et c’est exactement vers cela qu’on va ! Qui parie qu’au deuxième tour des présidentielles, les Français n’auront d’autre choix qu’un candidat de l’establishment, des lobbies, des institutions, installé en politique depuis des années, de gauche ou de droite, face à une Marine Le Pen, qui jouera exactement la même carte que Trump ou Farage : celle du rejet des institutions, du status quo et de la classe dirigeante ? La route est toute tracée pour le Front national.

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