Le “Democracy Index” montre le déficit de “participation politique” en Belgique

Comme chaque année, The Economist a sorti son “Democracy Index”. Et comme chaque année, la Belgique 🇧🇪 ne brille pas par ses performances…

Sur 21 pays d’Europe de l’Ouest, la Belgique est… 17ème ! 👎

Il y a 14 “démocraties complètes” (“Full democracy”) en Europe de l’Ouest, mais la Belgique n’en fait pas partie. Elle est classée dans les “Flawed democracies”, qu’on pourrait traduire par “démocraties défectueuses”. La définition qu’en donne The Economist est celle-ci (je traduis) :

“Ces pays ont des élections libres et équitables, et même s’il y a des problèmes (comme des entorses à la liberté de la presse), les libertés civiles de base sont respectées. Néanmoins, il y a des faiblesses significatives dans d’autres aspects de la démocratie, dont des problèmes de gouvernance, une culture politique sous-développée et des niveaux bas de participation politique”.

… Ca sonne plutôt correct comme constat, non ?

Et devinez sur quelle variable la Belgique fait son plus mauvais score ? … devinez… devinez… Bingo ! La “participation politique ” !! Score : 5/10 ! 👎👎

Qu’est-ce qui rentre en compte pour juger la “participation politique” ? Le turnover au niveau du Parlement, la participation des femmes et des minorités, l’engagement des citoyens, l’intérêt de la population pour les informations politiques, les efforts faits par les dirigeants pour promouvoir la participation, etc… Continue reading Le “Democracy Index” montre le déficit de “participation politique” en Belgique

Un jury tiré au sort en Cour d’assises. Pourquoi pas le tirage au sort en Politique ?

A l’occasion du procès Nemmouche, on peut se demander pourquoi des citoyens tirés au sort sont considérés comme aptes à juger un crime, mais seraient incapables de prendre des décisions de politique communale, par exemple ?

On sait que le tirage au sort était un élément central de la démocratie athénienne. Celui-ci renvoie directement à la notion d’ “égalité”, qu’on retrouve dans l’ “isonomie” : l’égalité des citoyens devant la loi.

Égalité en droits, comme en devoirs…

  • Ainsi, la tâche pour laquelle on tire au sort peut être une “corvée” à laquelle personne ne veut se coller (un long procès d’assise, un dimanche en tant qu’assesseur, etc.) : on tire alors au sort pour ne pas pénaliser certains plus que d’autres.
  • Ou inversement, la tâche pour laquelle on tire au sort peut être un “privilège” (être membre d’une Assemblée, prendre part aux décisions politiques, etc.) : on tire alors au sort pour ne pas favoriser certains plus que d’autres.

Dans un cas comme dans l’autre, derrière l’idée du tirage au sort, il y a l’idée que nous sommes toutes et tous égaux vis-à-vis de charges publiques : nous “pouvons” et nous “devons” toutes et tous assurer des charges publiques.

Et cela quelles que soient nos connaissances du domaine, quel que soit notre niveau d’étude, etc.

Il est étrange qu’on n’entende pas tellement, à propos des jury d’assise, les arguments habituels contre le tirage au sort au niveau politique : “Et si étaient tirés au sort des gens incompétents ? Et des extrémistes ? Et des gens mal intentionnés ?”

Les jurés prêtent “serment”, ce qui renvoie étymologiquement à un acte “sacré”, à un engagement envers quelque chose qui les “transcende”, ici en l’occurence : la Loi, ou la Justice pourrions-nous dire, représentés par la Cour. Continue reading Un jury tiré au sort en Cour d’assises. Pourquoi pas le tirage au sort en Politique ?

La démocratie participative, le lien avec le territoire. Et pourquoi il est important, en Belgique, de garder les provinces.

Les demandes de participation citoyenne et de démocratie plus délibérative n’ont de sens que si elles s’accompagnent d’une réflexion sur l’ÉCHELLE de la décision, c’est-à-dire sur le territoire, sa structuration et la répartition des compétences. (Ouïe ! Sujet “touchy” en Belgique)

Creusons un peu : ce n’est pas un hasard si l’origine du mot “citoyen” est “civitas” en latin, c’est-à-dire la “Cité”, et plus particulièrement la “Cité-État”, comme en Grèce (en particulier dans la période hellénistique) et dans l’Empire romain. La “Cité” ne peut pas se réduire à un territoire, mais y est quand même relativement liée. Plutarque* voyait d’ailleurs l’acte fondateur de la démocratie athénienne dans un mot très rarement mentionné : le “synœcisme”, c’est-à-dire la réunion de plusieurs villages en une Cité.

La démocratie se construit mieux du bas vers le haut, selon le principe de subsidiarité, c’est-à-dire en donnant la responsabilité d’une action publique à l’entité la plus proche de celles et ceux qui sont directement concernés par cette action. (Wiki : https://fr.wikipedia.org/wiki/Principe_de_subsidiarit%C3%A9) Et si on ne peut pas régler un problème à cette échelle, on passe alors à l’échelle supérieure. Du bas vers le haut.

En ce sens, je crois que celles et ceux qui veulent la disparition des provinces se trompent. Les communes belges comptent en moyenne 19.000 habitants (médiane = 12.000 habitants). Sans les provinces, l’échelle supérieure aux communes (c’est-à-dire les régions) compte soit 3,6 millions d’habitants (Région wallonne), soit 6,5 millions d’habitants (Région Flamande). Le saut d’échelle est beaucoup trop grand. Ca veut dire que si une problématique dépasse le territoire d’une commune, on est obligé de faire un saut vers l’échelle régionale, et on crée inévitablement un gap entre celles et ceux qui vont décider et celles et ceux qui sont concernés.

Chaque saut d’échelle constitue un risque démocratique. “More is different” : on ne décide pas à 3 ou à 6 millions comme on décide à 20.000. On ne peut pas réfléchir aux dispositifs de participation citoyenne sans aborder les questions d’échelle.

Les Provinces

Et à bien des égards, les provinces présentent une grande “robustesse” historique (“Effet Lindy”), avec des découpages peu changés depuis les anciennes provinces, les départements français, les principautés, les comtés, et les “civitates” de l’Empire romain. En fait, les Provinces présentent une réalité historique (et géographique) plus grande que les Régions, qui sont surtout le fruit du 19ème siècle industriel (et dans une moindre mesure des deux guerres mondiales). L’histoire de la Région wallonne en particulier, est celle du mouvement ouvrier, du patronat, et des concertations sociales.

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Réflexion sur les médias [1/3]* : Méfiance et complotisme

Avec la mobilisation des gilets jaunes, beaucoup de journalistes semblent découvrir la méfiance que les médias traditionnels suscitent auprès d’une part importante de la population, et la dimension “complotiste” que cette méfiance peut prendre.
 
S’étonner de cette méfiance, c’est, je crois, rester dans un biais qu’on pourrait appeler “objectiviste” (ou “journaliciste”), qui consiste, à l’instar de Saussure à propos de la langue, à percevoir l’information comme “un objet autonome et irréductible à ses actualisations concrètes”**. Autrement dit, tout comme le linguiste aurait tort de penser que toute personne qui parle perçoit le langage comme un linguiste, le journaliste aurait tort de penser que toute personne qui s’informe perçoit l’information comme un journaliste (ou un analyste des médias).
 
“In real life”, les gens “normaux” ne jugent pas une information selon des critères journalistiques (tels qu’on les enseigne dans les écoles de journalisme ou dans la pratique au sein d’une rédaction), mais en termes de “confiance / méfiance”. Et le couple confiance / méfiance a ceci de particulier qu’il est totalement asymétrique, c’est-à-dire qu’il suffit d’une fois (un fait, un acte, etc.) pour qu’une confiance soit trahie.
 
Prenez cet exemple : si vous trompez un jour votre conjoint ou votre conjointe, ça ne servira probablement à rien de dire que “ce n’est qu’une fois en 10 ans, soit un jour sur 3650, soit seulement 0,02% du temps… que par conséquent vous avez été fidèle 99,98% du temps, et qu’il n’y a donc pas de raison de ne plus vous faire confiance”… 🙂 Une seule fois suffit pour créer la méfiance.
 
Ok, l’exemple est cocasse, mais il en va de même pour un partenaire commercial qui vous trahirait ou pour un ou une collègue qui vous ferait faux-bond quand vous avez le plus besoin de son aide.
 
Mais revenons au lien entre information et couple “confiance / méfiance” : feriez-vous confiance à un cueilleur de champignons qui ne se trompe pas 95% du temps sur leur dangerosité ? Est-ce que vous mangeriez les champignons qu’il vous propose ? Feriez-vous confiance à l’information qu’il vous donne ? “In real life”, se baser sur une information erronée peut être catastrophique (et on pourrait prendre des milliers d’exemples). Mieux vaut donc être (naturellement) méfiant, a fortiori lorsque la personne ou l’institution qui émet cette information a déjà fait preuve d’inexactitudes.

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Les “communs” : première synthèse

Il faut aller de l’avant. Si on veut aller vers un nouveau modèle de société, il faut passer par cette étape de construction théorique, de “conceptualisation”, d’un nouveau paradigme. On ne peut pas simplement répéter qu’il faut que ça change, sans rien proposer, et en espérant qu’un nouveau modèle de société se construise, par lui-même, devant nos yeux. L’ “empowerment”, c’est aussi reprendre en main cette capacité à penser notre société, à proposer quelque chose de nouveau, d’innovant.

Pour autant, cela ne veut pas dire qu’il faut réinventer la roue. Aucune société n’a jamais été pensée sans lien avec son passé. On ne pourra construire un nouveau modèle de société qu’en l’inscrivant dans une histoire. De nombreux défis auxquels nous faisons face aujourd’hui se sont déjà posés, à des époques antérieures, et il est intéressant d’observer la manière dont nous avons tenté d’y répondre, à l’époque. Avec quels concepts ? Quels outils ? Et dans quel but ?

Parmi les concepts intéressants, il y a celui de “communs”. On en parle assez bien actuellement. Mais je ne suis pas sûr que toutes celles et ceux qui en parlent se soient réellement plongés dans la littérature sur cette question. D’où l’objet de ce texte.

Personnellement, je suis convaincu que cette notion de “communs” doit être utilisée pour aborder à l’avenir les questions environnementales, l’aménagement du territoire, la mobilité, l’économie locale et circulaire, les énergies renouvelables, et tout un ensemble de questions actuelles.

Un prix Nobel d’Économie

En 2009, Elinor Ostrom (1933-2012), politologue et économiste américaine, reçoit le prix Nobel d’Économie pour son travail sur les “communs”, qu’elle définit comme une ressource naturelle ou non-naturelle dont l’utilisation peut profiter à une population définie. Cette ressource est même parfois le principal moyen de subsistance de cette population. Ça peut être le poisson disponible dans une zone de pêche définie, l’eau d’une rivière ou de nappes phréatiques utilisée pour irriguer des cultures, des pâturages que se partagent des bergers pour laisser paître leur troupeau, mais également des ponts nécessaires au transport de marchandises, des places de parking dans une zone déterminée, etc. (Ostrom, 2018).

On l’imagine tout de suite, le risque principal est que certains s’approprient cette ressource au détriment des autres : un pêcheur qui pêcherait tout le poisson de la zone de pêche, un agriculteur qui s’approprierait toute l’eau des canaux d’irrigation, etc. Plus encore, si toutes les personnes concernées essayent de s’approprier un maximum d’unités de la ressource (nombre de poissons, m3 d’eau, etc.), la ressource s’appauvrira… au point d’être détruite et de ne plus pouvoir profiter à personne. Ce risque a un nom : c’est la “tragédie des communs”.

L’histoire de cette tragédie

Et là, il faut faire un peu d’histoire pour comprendre. Le terme vient d’un article de Garrett Hardin, intitulé “The Tragedy of the Commons”, publié en 1968 dans la revue “Science”. Je me base sur sa réédition, en 2001, dans la revue “The Social Contract”.

Hardin (1915-2003) était un philosophe écologiste américain. En 1968, sa préoccupation première est la croissance de la population et son impact sur la planète. L’article propose essentiellement une réflexion théorique sur l’opposition entre une population qui croît indéfiniment dans un monde qui est, lui, fini.

Il faut savoir que la “tragédie des communs” d’Hardin s’inspire directement des lectures de William Forster Lloyd, en 1832. Des lectures publiées en 1833 sous le titre “Two lectures on the Checks to Population”. Elles sont republiées en 1980 dans la revue “Population Council”. Lloyd (1794-1852) était un mathématicien et économiste britannique, mais également Ministre de l’Église d’Angleterre. Et il tenait une Chaire d’économie politique à l’Université d’Oxford. Continue reading Les “communs” : première synthèse

Le Point Beccaria : le moment où la peine de mort surgit dans un débat sur la démocratie participative

Vous connaissez certainement le “Point Godwin”, ce moment vers lequel tend toute discussion sur internet, où un intervenant fait référence au nazisme, généralement pour traiter son interlocuteur de “nazi” ou l’assimiler à Hitler (aussi appelé “reductio ad Hitlerum”).
 
Je propose le “Point Beccaria” : le moment de toute discussion sur la démocratie participative, la souveraineté du peuple, les référendums, la démocratie directe, la consultation populaire, etc., où un intervenant utilise l’argument “Oui, mais si on avait laissé le peuple décider, la peine de mort serait toujours appliquée”. Argument qu’on pourrait aussi appeler “reductio ad ultimum supplicium”.
 
Bien sûr, cet argument est fallacieux. C’est un “sophisme”, un argument qui ne se base que sur de l’apparence :
 
1) Ce qu’on appelle l’ “opinion publique” dans un système représentatif n’a plus ou moins rien à voir avec les décisions que prendrait une population dans un système participatif. L’opinion publique est une construction (des instituts de sondage), un artefact, qui additionne des opinions individuelles*. La participation implique une délibération, c’est-à-dire la construction commune d’une opinion collective. Toute personne qui a déjà mené ou participé à des processus participatifs sait que des décisions qui se prennent ensemble, autour d’une table, ne sont pas identiques au résultat d’un simple vote, sans discussion, délibération, confrontation, etc.
 
2) Quand on s’intéresse aux faits historiques relatifs à l’abolition de la peine de mort, en France par exemple, on se rend compte qu’on est quand même loin d’une opposition entre des élites éclairées et désintéressées, et un peuple guidé par ses pulsions de mort. Je vous invite à lire le très bon article de Julie Le Quang Sang, “L’abrogation de la peine de mort en France : une étude de sociologie législative (1976-1981)“, paru dans la revue “Déviance et société”, 2000, 24-3, pp. 275-296 (Lien : https://goo.gl/VWAAra). On y voit à quel point l’abolition de la peine de mort en France a été liée à des stratégies politiques, et à des jeux de pouvoir et de places au sein de la magistrature, le tout sur fond d’arrivée au pouvoir de Mitterand.
 
Je précise que je ne suis pas pour la peine de mort. Je pense juste qu’on ne peut pas systématiquement utiliser cet argument pour discréditer toute proposition de participation citoyenne.
 
Cet argument relève à mon sens de la “démocratie à géométrie variable”, qui consiste à dire : “je suis pour la participation citoyenne… tant que les citoyens sont d’accord avec moi. Sinon, je suis pour que les élites (dirigeants, experts) – avec lesquels je suis d’accord – décident contre l’avis de la population”.
 
Exemple :
 
  • “Plus personne ne veut du glyphosate, mais comment est-ce possible que les dirigeants ne l’interdisent pas complètement ?? C’est un déni de démocratie !”
 
mais…
 
  • “Bon, d’accord, personne ne veut qu’il y ait des éoliennes à tel endroit, mais le Ministre a décidé d’en implanter là, et il faut l’accepter, c’est ça la démocratie !”
 
Vous voyez la géométrie variable ? Ce sont celles et ceux qui sont “pour la démocratie……. mais avec des limites quand même, parce que, bon, vous comprenez ….. (air embêté)… etc. “.
 
Le problème, c’est que la plupart des dictateurs du monde avaient probablement cette sincère conviction qu’ils étaient de bons démocrates qui, simplement, parfois, décidaient contre leur peuple…. mais TOUJOURS pour le bien de ce peuple !! Ca, c’est important ! 🙂
 
Bref, je crois que si on est pour la démocratie, et en particulier lorsqu’il s’agit de démocratie participative (mais n’est-ce pas un pléonasme ?), il faut l’être jusqu’au bout, sans limites. Et l’assumer. On ne peut pas l’être juste quand on est d’accord avec ce qui semble être l’ “opinion publique”. Ou, autrement dit, on ne peut pas critiquer le système représentatif uniquement lorsqu’on n’est pas d’accord avec le gouvernement, et l’encenser lorsqu’on est d’accord avec ce même gouvernement.  
 
Et pourquoi Beccaria ? Parce que Cesare Beccaria était un juriste, philosophe et homme de lettres italien, de la période des Lumières, qui fut l’un de premiers à venir avec un argumentaire contre la peine de mort. Les abolitionnistes français de 1981 s’en sont, entre autres, inspirés.
 
* Bourdieu, P. 1984. “L’opinion publique n’existe pas”, in Questions de sociologie, Paris : Editions de Minuit, pp. 222-235.

La charte officielle des gilets jaunes

(Je copie ici la Charte officielle des gilets jaunes et ses 25 propositions. Non pas que je sois d’accord avec chacune de ces propositions, mais parce que je pense qu’il y a un énorme travail d’écoute à faire, de la part de celles et ceux qui tentent de comprendre le monde actuel : en particulier un travail d’écoute de ces revendications qui dépassent toutes les catégories politiques institutionnalisées… Et comme je ne trouvais pas cette charte en version texte ailleurs, je l’ai recopiée ci-dessous).

I – ECONOMIE / TRAVAIL

  1. ÉTATS GÉNÉRAUX de la fiscalité. Inscrire dans la Constitution l’impossibilité pour l’Etat de prélever plus de 25% de la richesse des citoyens.
  2. AUGMENTATION immédiate du SMIC, des retraites et des minima sociaux de 40%.
  3. EMBAUCHE MASSIVE de fonctionnaires pour rétablir la qualité des services publics avant la RGPP* : gares, hôpitaux, écoles, postes.
  4. LOGEMENTS : plan de construction de 5 millions de HLM afin de faire baisser les loyers, le foncier et redynamiser l’économie par l’embauche. Punir lourdement les préfets et maires qui laissent des SDF dormir dehors.
  5. BANQUES : les rendre plus petites afin de se protéger des crises, casser les monopoles, séparer le spéculatif du dépôt et interdire le renflouement public.
  6. ANNULER LA DETTE : celle-ci n’a pas lieu d’être, elle a déjà été remboursée plusieurs fois.

II – POLITIQUE

  1. CONSTITUANTE : Réécrire une Constitution par le peuple et pour les intérêts du peuple souverain. Mise en place des référendums d’initiative populaire.
  2. INTERDICTION DES LOBBYS et autres réseaux d’influence. Exclusion définitive de la vie politique de tout élu ayant un casier judiciaire, mettre fin au cumul des mandats.
  3. FREXIT : sortie de l’UE afin de regagner nos souverainetés politique, monétaire et économique (respect du référendum de 2005), regagner notre droit de battre monnaie en sortant de l’article 123 du traité de Lisbonne (50 milliards d’euros d’économies par an).
  4. ÉVASIONS FISCALES : récupérer les 80 milliards d’euros abandonnés par l’État chaque année au CAC 40.
  5. ARRÊT IMMÉDIAT DES PRIVATISATIONS et récupération des biens publics : autoroutes, aéroports, parkings, SNCF…
  6. RADARS ET VERBALISATIONS : retrait des radars inutiles et de la verbalisation vidéo qui n’est rien d’autre qu’une taxe déguisée.
  7. ÉDUCATION NATIONALE : exclure toute idéologie de ce ministère et mettre à plat les techniques éducatives destructrices (méthode globale…)
  8. JUSTICE : quadrupler son budget et limiter dans la loi les durées des procédures. Simplifier et rendre la justice totalement gratuite et accessible à tous.
  9. MEDIA : casser les monopoles et le copinage médiatico-politique. Rendre les médias accessibles aux citoyens et garantir la pluralité d’opinion. Mettre un terme à la propagande des éditocrates. Retirer la subvention publique des médias (2 milliards par an) ainsi que les niches fiscales des journalistes.
  10. GARANTIR LA LIBERTÉ des citoyens et inscrire dans la Constitution l’interdiction à l’État de s’ingérer dans l’enseignement, l’éducation, la santé, la famille…

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Gilets jaunes et crise de la délégation – Version #1

Ecrire sur un présent qui est en train de se dérouler devant nos yeux n’est jamais facile. On manque de recul. On risque de donner de l’importance à des faits qui sont artificiellement gonflés par les médias, et que l’Histoire renverra au statut d’anecdotes. Et on risque d’être guidé par l’émotion, plus que par l’observation rigoureuse des faits.

Bref, c’est casse-gueule.

Mais en même temps, si on ne le fait pas, on laisse la place à celles et ceux que ça ne gêne pas d’écrire dans l’instant, dans l’émotion (et souvent d’ailleurs, dans le but de susciter l’émotion).

Ce que je vais écrire ici se base sur ce quoi je travaille depuis 6 ans : les mouvements qui émergent dans un contexte de crise des institutions auxquelles on a délégué, durant des décennies, le pouvoir de décider à notre place ; ce que j’ai appelé « la crise de la délégation ». En 6 ans, ça m’a permis d’observer l’émergence et l’échec de certains de ces mouvements. Je pense par exemple aux Printemps arabes, au mouvement Nuit Debout, etc. J’ai pu observer les causes de leur émergence… et les conséquences, parfois, de leur échec.

Aucune théorie ne permet de prévoir l’avenir. Je ne sais pas sur quoi va déboucher la mobilisation des « gilets jaunes ». Mais j’ai l’impression qu’il y a quelque chose de nouveau qui est en train de se passer.

Je suis convaincu qu’une théorie est avant tout un outil pour observer le réel. On pourrait prendre l’image de lunettes : si vos lunettes ne vous permettent plus de voir les obstacles sur votre chemin, et que vous vous cassez constamment la gueule, c’est que vos lunettes ne sont plus adaptées. A l’inverse, si vous avez l’impression d’y voir très clair, du moindre détail jusqu’à la « big picture », c’est probablement que vos lunettes sont bien adaptées.

Dernière précaution : je vais appeler ce texte « Gilets jaunes et crise de la délégation – Version #1 », pour pouvoir éventuellement le retravailler au fur et à mesure des événements.

Et maintenant, rentrons dans le vif du sujet…

La faillite des corps intermédiaires = On ne veut plus « déléguer »

Ce qui saute le plus aux yeux est le fait que les manifestations des gilets jaunes constituent une mobilisation qui n’est pas organisée par un parti politique ou une organisation syndicale. Plus encore, ils rejettent globalement le rattachement à tout parti ou tout syndicat. Ils se posent également comme très méfiants vis-à-vis des médias traditionnels. Continue reading Gilets jaunes et crise de la délégation – Version #1

Twitter : les perles de la “police de la pensée”

Un débat anime actuellement le petit monde de Twitter (en Belgique) : une chroniqueuse-journaliste “aurait” été virée de la chaîne de télévision RTL-TVi suite à des propos politiques. Honnêtement, personne n’en sait rien, la chaîne a démenti toute pression politique, et tout cela ressemble fort au siècle dernier, quand “la politique” se limitait à ce qu’il se passait dans les partis et sur les plateaux de télévision.

Mais le débat agite Twitter et ça permet de récolter quelques perles de la “police de la pensée”, comme ci-dessus…

Alors, en fait, OUI, la liberté d’expression protège aussi le mensonge (et encore plus la propagande évidemment !). Les seules limites à la liberté d’expression sont l’incitation à la haine raciale, à la discrimination et la violence, ainsi que la diffamation (c’est-à-dire porter préjudice à quelqu’un en l’accusant d’un fait sans en avoir la preuve).

A l’exception de ces cas-là, on a le droit de tout dire, même des choses fausses, même des conneries, même des mensonges. L’inverse serait compliqué : ça impliquerait qu’on puisse déterminer ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qui est intelligent et ce qui est très con. Par exemple, quelqu’un a le droit de dire que la terre est plate. C’est con, c’est faux… c’est un mensonge. Mais il a le droit de le dire.

En France, dans un arrêt du 10 avril 2013, la Cour de cassation a rappelé que “la liberté d’expression est un droit dont l’exercice ne revêt un caractère abusif que dans les cas spécialement déterminés par la loi, et que les propos reproduits, fussent-ils mensongers, n’entrent dans aucun de ces cas”. La Cour de cassation a effectivement estimé que condamner quelqu’un pour “mensonge” constituait une violation de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Bref, c’est immoral de mentir, mais la liberté d’expression le permet.

Déjà Kant, qui n’était pas chaud-chaud d’admettre le mensonge, vu que ça allait à l’encontre de la “vertu”, accordait quand même que le mensonge était acceptable tant qu’il ne portait pas atteinte à autrui (ce qui rejoint bien l’idée de “diffamation”).

On pourrait également citer John Stuart Mill qui expliquait admirablement bien que c’est précisément la liberté d’expression qui permet l’émergence de la vérité. Ce n’est pas que la liberté d’expression empêche le mensonge, c’est que l’absence de liberté d’expression empêche la vérité.

Mon conseil : je me méfie toujours le plus des gens qui veulent en empêcher d’autres d’exprimer leurs opinions. Je suis convaincu (et je reprends cette idée à Nassim Nicholas Taleb) que la meilleure manière de reconnaître un fasciste (qu’il soit de gauche, de droite, du centre, ou d’en face) est sa propension à vouloir limiter la liberté d’expression des autres… Méfiez-vous de toutes celles et ceux qui veulent en faire taire d’autres.

Il n’y a pas de meilleur indicateur que quelqu’un est un vrai démocrate que sa propension à accepter que d’autres expriment des avis totalement contraires aux siens.

Les pesticides, ça nuit d’abord à la santé des agriculteurs et agricultrices

La revue “Environmental Science and Pollution Research” a très récemment publié (novembre 2018) un article faisant le point sur l’impact des pesticides sur la santé des agriculteurs, aux Etats-Unis, en Inde et en Afrique.

Bien sûr les réglementations sont quelque peu différentes dans l’agriculture européenne, mais certains pesticides, ou certains types de pesticides, décrits dans l’étude, sont employés chez nous également, comme ceux de la classe des organophosphates (à lire pour la Belgique, l’avis du Conseil supérieur de la santé n°8717 : https://goo.gl/oXPX9H).

Cet article, très complet, montre surtout que la plupart du temps, les agriculteurs ne sont pas conscients que la hausse des maladies ou des problèmes chroniques parmi eux est due aux pesticides.

(Personnellement, j’ai discuté avec plein d’agriculteurs qui, à pas d’âge, développent des douleurs chroniques, et des inflammations permanentes, qui sont autant de signes de perturbations au niveau du système nerveux, ou des défenses immunitaires).

L’impact sur le système nerveux, ainsi que les liens entre inflammations, douleurs et fonctions cérébrales, sont tels que certaines études font également le lien entre l’utilisation des pesticides et le taux tout à fait anormal de suicides parmi les agriculteurs. Pour info, le taux de suicide chez les agriculteurs français est 20 à 30% supérieur par rapport autres catégories professionnelles. Bien sûr, les conditions de travail, la pression, et l’endettement peuvent expliquer ce taux de suicide. Mais cette étude conclut qu’”il est hautement probable que l’état dépressif dû aux pesticides ait pu les pousser à ce geste extrême“.

Les pesticides agissent au niveau des caspases, des enzymes essentielles dans les phénomènes inflammatoires, dont ils perturbent l’action. Les caspases interviennent entre autres dans l’apoptose, c’est-à-dire la mort programmée des cellules. Une apoptose insuffisante est un des principaux facteurs de développement des tumeurs, ainsi que des maladies auto-immunes. A l’inverse, une trop grande activité à ce niveau-là peut provoquer le développement de la maladie d’Alzheimer. Continue reading Les pesticides, ça nuit d’abord à la santé des agriculteurs et agricultrices