Parution : Néo Santé, n°96, janvier 2020

Nouvelle parution : “Autisme et glyphosate”, Néo Santé, janvier 2020, n°96, p. 24. 

Ces derniers années, plusieurs recherches ont été menées afin de voir si les observations pouvaient supporter l’hypothèse d’une association entre l’augmentation de l’utilisation du glyphosate et l’augmentation des troubles du spectre autistique, depuis le début des années ’80.

Deux recherches, parues en 2017 (Integrative Medicine) et 2019 (The British Medical Journal), ont montré un lien entre trouble autistique et exposition au glyphosate.

Il semblerait que ça soit au niveau du microbiote intestinal que ça se joue. Non seulement, le glyphosate tend à perturber ce microbiote (et on sait qu’il y a des liens entre autisme et microbiote), mais il tend également à endommager la barrière hemato-encéphalique, protégeant notre cerveau des toxines et autres agents pathogènes.

Plus de détails dans l’article…

Parution : Néo Santé, n°95, décembre 2019

Nouvelle parution : “Nos intestins n’aiment pas le glyphosate”, Néo Santé, décembre 2019, n°95, p. 24. : De plus en plus d’études montrent l’impact des pesticides sur le fonctionnement de notre paroi intestinale, et en particulier l’impact du glyphosate. ⠀

Depuis 1974, 8,6 milliards de kg de glyphosate ont été utilisés par l’agriculture mondiale. Et depuis 1996, avec l’introduction de cultures génétiquement modifiées pour résister au glyphosate, son utilisation a même été multipliée par 15… ⠀

Le glyphosate tue les bactéries, les champignons et certaines plantes en bloquant la voie de l’acide shikimique au sein de ces organismes. Problème : cette voie aboutit à la synthèse de certains acides aminés essentiels pour nous, êtres humains : phenylalanine, tryptophane et tyrosine. ⠀

Autre problème : le glyphosate agit sur la zonuline, une protéine qui permet de réguler l’ouverture des jonctions serrées de notre paroi intestinale. Résultat : augmentation de la perméabilité intestinale (Environmental Toxicology and Chemistry, 2005).⠀

Plus de détails dans l’article…

Vidéo : Zach Bush, MD : “GMOs, Glyphosate & Gut Health”

Je vous conseille vivement ce podcast de Rich Roll avec le docteur ZACH BUSH MD : “GMOs, Glyphosate & Gut Health” !

En deux mots, Zach Bush fait partie des quelques médecins US certifiés dans 3 spécialisations : en médecine interne, en endocrinologie & métabolisme, et en soins palliatifs.

Il est entre autres reconnu pour ses recherches sur la perméabilité de la paroi intestinale, à l’Université de Virginie. Surtout, il fait le lien entre la santé des sols et la santé de nos intestins.

J’essaie de vous résumer en quelques points près de 2 heures d’interview fascinantes : Continue reading Vidéo : Zach Bush, MD : “GMOs, Glyphosate & Gut Health”

Les pesticides, ça nuit d’abord à la santé des agriculteurs et agricultrices

La revue “Environmental Science and Pollution Research” a très récemment publié (novembre 2018) un article faisant le point sur l’impact des pesticides sur la santé des agriculteurs, aux Etats-Unis, en Inde et en Afrique.

Bien sûr les réglementations sont quelque peu différentes dans l’agriculture européenne, mais certains pesticides, ou certains types de pesticides, décrits dans l’étude, sont employés chez nous également, comme ceux de la classe des organophosphates (à lire pour la Belgique, l’avis du Conseil supérieur de la santé n°8717 : https://goo.gl/oXPX9H).

Cet article, très complet, montre surtout que la plupart du temps, les agriculteurs ne sont pas conscients que la hausse des maladies ou des problèmes chroniques parmi eux est due aux pesticides.

(Personnellement, j’ai discuté avec plein d’agriculteurs qui, à pas d’âge, développent des douleurs chroniques, et des inflammations permanentes, qui sont autant de signes de perturbations au niveau du système nerveux, ou des défenses immunitaires).

L’impact sur le système nerveux, ainsi que les liens entre inflammations, douleurs et fonctions cérébrales, sont tels que certaines études font également le lien entre l’utilisation des pesticides et le taux tout à fait anormal de suicides parmi les agriculteurs. Pour info, le taux de suicide chez les agriculteurs français est 20 à 30% supérieur par rapport autres catégories professionnelles. Bien sûr, les conditions de travail, la pression, et l’endettement peuvent expliquer ce taux de suicide. Mais cette étude conclut qu’”il est hautement probable que l’état dépressif dû aux pesticides ait pu les pousser à ce geste extrême“.

Les pesticides agissent au niveau des caspases, des enzymes essentielles dans les phénomènes inflammatoires, dont ils perturbent l’action. Les caspases interviennent entre autres dans l’apoptose, c’est-à-dire la mort programmée des cellules. Une apoptose insuffisante est un des principaux facteurs de développement des tumeurs, ainsi que des maladies auto-immunes. A l’inverse, une trop grande activité à ce niveau-là peut provoquer le développement de la maladie d’Alzheimer. Continue reading Les pesticides, ça nuit d’abord à la santé des agriculteurs et agricultrices

Monsanto : quand 12 citoyens font ce qu’aucun organisme public n’est arrivé à faire

Il n’est jamais facile de proposer une analyse d’un fait d’actualité, surtout d’un procès qui va encore connaître des recours et autres rebondissements.

Je voudrais juste extraire un élément qui me semble important : c’est un tribunal composé de citoyens qui a fait ce qu’aucun organisme public n’avait été capable de faire.

La décision de ce tribunal de San Francisco, condamnant Monsanto à payer 289 millions de dollars, suite à la reconnaissance du rôle du glyphosate dans le cancer de Dewayne Johnson, constitue la reconnaissance par une jury composé de citoyens, qu’une entreprise ne peut porter atteinte à notre santé et tromper l’opinion publique impunément. Ce jury a d’ailleurs accordé 39 millions de dollars au plaignant pour les dommages occasionnés, et 250 millions de dollars de “punition” à Monsanto pour avoir volontairement caché les dangers de son produit.

Rappelons quelques points importants :

1. L’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence

Je l’ai déjà répété plusieurs fois. Cette phrase devrait clignoter à l’entrée des bâtiments de tous les organismes publics de protection de la santé ou de l’environnement : l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence.

Si on a testé 1000 cas, on ne peut produire une affirmation scientifiquement valable que sur ces 1000 cas. Pas sur le 1001ème. Encore moins sur les 100.000 autres cas qui suivent. On peut supposer, on peut faire des hypothèses, on peut proposer des probabilités, mais on ne peut pas dire qu’un événement n’arrivera jamais.

J’avais déjà utilisé cet exemple ici : Mettons 999 boules noires dans un sac, et 1 boule blanche. Je tire, une à une, 500 boules. Elles sont toutes noires. Si à partir de mes observations, j’en induis que toutes les boules du sac sont noires, je me trompe !

Probablement que chaque nouveau tirage d’une boule noire renforcera ma certitude : “vous voyez, toutes les boules sont noires”… jusqu’à ce que la boule blanche apparaisse, venant définitivement me donner tort ! Cette boule blanche, ça peut être un jardinier atteint d’un cancer parmi 1000 jardiniers.

La science peut tester ce qui est, ce qui a été (et c’est déjà assez compliqué comme ça de la faire valablement), elle ne peut pas tester ce qui va arriver. L’induction (généraliser à partir des faits singuliers) n’amène aucune certitude scientifique.

L’esprit scientifique, l’empirisme, le scepticisme, etc., se sont construits sur cette critique de l’induction. Dès le 2ème siècle, dans ses “Hypotyposes” (Livre II), Sextus Empiricus, philosophe sceptique et médecin de l’école de médecine antique “empirique”, écrivait : Continue reading Monsanto : quand 12 citoyens font ce qu’aucun organisme public n’est arrivé à faire

Brève réflexion sur le Glyphosate

En plus de révéler que les décideurs européens suivent davantage l’avis des lobbies phytosanitaires que celui des citoyens, le débat actuel sur le Glyphosate montre que ces décideurs (et les pseudo-organismes scientifiques comme l'”European Food Safety Authority” et l'”European Chemicals Agency” ne comprennent même pas les principes de base du raisonnement scientifique.

Laissez-moi résumer ça simplement :

On ne peut pas prendre l’absence de preuve pour la preuve de l’absence.

C’est la base de la connaissance : L’induction (généraliser à partir des faits singuliers) n’amène aucune certitude. Et lorsqu’on parle de santé, mieux vaut avoir des certitudes.

Prenons un exemple simple : mettons 999 boules noires dans un sac, et 1 boule blanche. Je tire, une à une, 500 boules. Elle sont toutes noires. Si à partir de mes observations, j’en induis que toutes les boules du sac sont noires, je me trompe !

Probablement que chaque nouveau tirage d’une boule noire renforcera ma certitude : “toutes les boules sont noires”… jusqu’à ce que la boule blanche apparaisse, venant définitivement me donner tort !

Lorsque l’European Food Safety Authority affirme que le “poids des preuves indique que le glyphosate n’est pas un perturbateur endocrinien”, cet organisme tombe dans cette erreur naïve.

En prévention des cancers, on parle de “NED” (No Evidence of Disease) lorsqu’on ne trouve plus de tumeurs chez un patient anciennement atteint de cancer. Mais tout médecin dira qu’on ne peut pas, pour autant, parler d’Evidence of No Disease, c’est à dire que l’absence de preuve d’une tumeur n’est pas la preuve d’absence de tumeurs.

DONC : On pourrait faire faire 10.000 tests sur le Glyphosate, ça ne prouvera pas que sur l’ensemble des individus, sur un temps long, ça n’aura pas de conséquences dramatiques en terme de santé.

L’absence de preuve n’est jamais une preuve d’absence. Dit autrement, l’absence de quelque chose ne prouve jamais rien. Si je vois une homme tuer quelqu’un, je peux dire que c’est un meurtrier. Si je ne vois pas cet homme tuer quelqu’un, ce n’est peut-être pas un meurtrier, ou peut-être que si… Je n’en sais rien !

Cette erreur a fait l’objet d’innombrables analyses depuis… plus ou moins 2000 ans ! 

  • Sextus Empiricus, au 2ème siècle, dans les “Hypotyposes” (Livre II)
  • Au 18ème siècle, David Hume dans son “Traité de la nature humaine” (1739)
  • Au début du 20ème siècle :
    • Bertrand Russell, dans ses “Problems of Philosophy” (1912)
    • Karl Popper, dans “Les deux problèmes fondamentaux de la théorie de la connaissance” (1979)

Alors, qu’on tombe dans cette erreur naïve d’induction dans des recherches sur des sujets peu importants (disons dans les études de marché, les prévisions électorales ou des études d’audimat), ce n’est pas si grave, mais qu’on le fasse sur la question des perturbateurs endocriniens ou de substances potentiellement cancérigènes, ça c’est très très grave !! 

Ce qui devrait prévaloir, à tous les coups, c’est une prudence extrême !! … le principe de précaution, en fait. Si un jour, on découvre des cas de maladies dues au Glyphosate (ce qu’il semble qu’on est déjà en train de découvrir), le poids des évidences des études pro-Glyphosates tombera d’un seul coup… mais il sera trop tard !

Allez, un dernier témoignage pour finir :

“De toute mon expérience, je n’ai jamais été (pris) dans un accident (de bateau) (…) Je n’ai jamais fait de naufrage, ni n’ai été dans une situation qui aurait menacé de finir en désastre d’aucune sorte” (Capitaine du Titanic, 5 ans avant le naufrage le plus célèbre de l’Histoire)* 😉

* Témoignage repris à Nassim Nicholas Taleb, “The Black Swan”, p.42.