Ceux “qui disent” et ceux “à qui on dit”…

Aujourd’hui, une des lignes de fracture de la société (ou peut-être “LA” ligne de fracture) est celle qui oppose celles et ceux “qui disent” et celles et ceux “à qui on dit”.

Les amoureux du verbe auront remarqué que cette ligne de fracture oppose une forme “active” (ceux qui disent), et une forme “passive” (ceux à qui on dit). Ce serait la même chose en anglais entre “those who tell” et “those who are told”…

Celles et ceux à qui “on dit” sont de loin les plus nombreux. On leur a dit d’acheter des voitures Diesel, puis on leur a dit que l’essence était moins polluante. On leur a dit d’utiliser tels ou tels produits phytosanitaires, puis on leur a dit que c’était dangereux pour la santé et la planète. On leur a dit de se former pour bosser dans tel secteur, puis on leur a dit que ce secteur n’avait aucun avenir. On leur a dit d’enseigner de telle manière, puis on leur a dit qu’on allait réformer l’enseignement. On leur a dit de manger des céréales à chaque repas, puis on leur a dit que leurs troubles de santé étaient dus au gluten. On leur a dit d’épargner, puis on leur a dit que l’épargne ne rapportait rien. On leur a dit d’attendre leur retraite, puis on leur a dit que leur retraite n’était pas tout à fait assurée… Je continue ? 

Vous l’avez compris, ce sont celles et ceux qui subissent les décisions qui viennent d’en haut, des “experts”, des “dirigeants”. En grammaire, dans la forme passive, le sujet subit toujours l’action… Celles et ceux “à qui on dit” subissent les nouvelles réglementations, les nouvelles directives, les nouvelles circulaires, les nouvelles consignes… qui viennent de celles et ceux qui ont le pouvoir, le “pouvoir de dire”. De dire ce qui est “Bien”, ce qui est “Mal”, ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire.

Réacquérir du pouvoir d’agir, c’est redevenir “actif” au sens grammatical du terme, c’est être à nouveau le “sujet de l’action”. C’est retrouver de la capacité d’agir, c’est de l’encapacitation, de l’Empowerment en anglais.

La démocratie participative, ça passe par le fait qu’il n’y ait pas de différence entre celles et ceux qui disent et celles et ceux qui subissent : les enseignants doivent pouvoir décider de l’enseignement, les agriculteurs de l’agriculture, les travailleurs du travail, les usagers de la route de l’usage de la route, les mangeurs de ce qu’ils mangent, les médecins de la médecine, etc., etc., etc…

La participation, c’est permettre aux gens de se mêler de ce qui les regarde !

Think outside of the box ! … sauf en Politique !!

Tout le monde est d’accord quant au fait qu’il faut “penser hors de boîte”… “Think outside of the box”, relier les 9 points, #toutça…..

…………………. SAUF EN POLITIQUE !!!! Là, tu es “de Gauche”, “du Centre”, ou “de Droite”, et c’est tout !!! Et si t’es pas de Gauche, c’est que tu es de Droite ! Et si t’es pas de Droite, c’est que tu es de Gauche, mon ami !! Parce qu’il n’y a rien d’autre, tu comprends !! RIEN D’AUTRE !!! TU COMPRENDS !!!! RIEN !!!!!! 😀

On ne construira jamais rien de nouveau en restant enfermé dans des idéologies des 19ème et 20ème siècles…

Brève réflexion sur l’économie collaborative et “l’Emploi”

Chère Nathalie (prénom d’emprunt)…. Comment t’expliquer ?

Les messages ci-dessus sont extraits d’une discussion à propos de l’épicerie collaborative (et en vrac) Les P’tits Pots, à Genappe (j’ai juste changé le prénom). Pour comprendre le contexte, il s’agit d’une initiative citoyenne, issue de Genappe en Transition, et construite actuellement sur le modèle d’un GAC (Groupement d’achats collectifs). C’est un ensemble de familles qui se rassemblent pour acheter ensemble des aliments sains, locaux et en vrac, et pour assurer des permanences durant lesquelles chacun peut venir chercher, en vrac, les aliments qu’il souhaite. Tout est assuré par les membres (les “coopérateurs”) : des commandes à la vente “en magasin”, en passant par la comptabilité ou la communication.

Dans ce modèle participatif, les marges peuvent être très faibles, puisqu’elles ne servent qu’à financer des petits frais de fonctionnement, et du petit matériel. Il n’y a pas d’emplois à rémunérer au sein de l’épicerie. Et c’est bien cela que Nathalie nous reproche.

Alors, est-ce que les modèles d’économie collaborative détruisent l’emploi ? (Et je pense que la question se pose souvent dans les initiatives en transition)

1. On ne crée pas de l’emploi sur une volonté, mais bien sur un besoin. Il ne suffit pas de dire “il faut créer de l’emploi”, pour que des emplois se créent (probablement que seuls un syndicaliste ou un Ministre de l’Emploi peut encore penser ça). Et si un emploi peut être remplacé par des “bobos qui jouent au magasin“, comme le dit Nathalie, c’est que cet emploi ne servait à rien

Un emploi est financé par la plus-value créée sur le produit ou le service. Ca implique que cet emploi apporte bel et bien une plus-value. Une valeur ajoutée, quoi. Sinon, pourquoi payer pour ce qu’on peut faire aussi bien soi-même ?  Ca n’aurait aucun sens.

Et à bien des égards, la “transition”, c’est un peu ça. C’est “réapprendre” à faire certaines choses soi-même. Et c’est pour cela que l’esprit Do It Yourself y est si présent. Ca consiste à :

  • faire pousser ses légumes (et élever ses poules ?)
  • cuisiner soi-même
  • faire ses conserves, son pain, ses jus…

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Parution : Néo Santé, n°83, novembre 2018

Nouvelle parution : “Retrouver les bienfaits du froid (I)”, Néo Santé, n°83, novembre 2018, p. 24. C’est le 1er volet d’une nouvelle série sur le froid. L’idée est toujours un peu la même quand on réfléchit en terme d’évolution : en quoi notre mode de vie actuel nous écarte-t-il de ce que nous avons connu durant des millions d’années ? Et quelles conséquences cela a-t-il sur notre santé ?

Le froid est un excellent exemple : nous vivons dans des univers “thermostatiques” : toujours à la même température. Pourtant nous avons évolué dans des environnements où la température était très fluctuante.

Prenez l’eau : depuis combien de temps pouvons-nous tous les jours prendre des douches bien chaudes ? Et qu’avons-nous perdu en ne nous exposant plus au froid ?

Ce premier article explore l’impact de l’exposition temporaire au froid sur notre circulation sanguine…

Réflexion sur la Transition

Récemment, Transition Network, le réseau international de la Transition, invitait à réfléchir aux défis de la transition, avec un texte très complet, intitulé « It’s time to talk about We ». Le texte a été relayé par le réseau belge « Réseau Transition.be », lui-même actuellement en phase de réflexion…

Voilà le cadre… Et j’avais envie de rebondir sur certains points qui me parlent beaucoup, et d’éventuellement proposer quelques pistes de réflexion. Je reprends l’ordre des différents chapitres du texte.

1. Les ressources.

On en a toutes et tous fait l’expérience dans nos initiatives : temps et argent manquent presque toujours.

Le temps…

L’immense majorité de celles et ceux qui s’engagent dans des initiatives en transition doivent jongler entre cet engagement, leur boulot et leur vie de famille.

L’argent…

Je pense que culturellement (ou disons, sociologiquement), la Transition émerge et s’inscrit dans un tissu social et socio-professionnel très « subventionné ». Je m’explique : il faudrait le vérifier statistiquement, mais j’ai l’impression qu’on rencontre, dans les initiatives en transition, énormément de personnes qui travaillent dans les secteurs du social, de la culture, de l’associatif, de l’éducation, de la fonction publique, de l’aide à la personne (donc des secteurs qui vivent surtout de subventions et d’argent public). C’est finalement logique que beaucoup de transitionneurs et transitionneuses soient dans ces secteurs : ce sont probablement les premiers à se rendre compte des méfaits du modèle de société actuel. Ils ont généralement fait des études supérieures, leur donnant les outils pour réfléchir à la société actuelle. Et ils ont souvent souvent une certaine expérience de l’engagement politique (au sens large), de la mobilisation collective, etc.

Mais l’effet secondaire est que souvent, la viabilité de l’initiative n’est pensée que par rapport à des subventions. On ne cherche pas des « clients », mais des « appels à projets ». Et très souvent, on construit les initiatives en transition sur le modèle « ASBL financée par des fonds publics, quelques permanents salariés de l’ASBL, et des bénévoles », alors que rien n’implique intrinsèquement que ces initiatives se développent sur ce modèle-là. Continue reading Réflexion sur la Transition

Brève réflexion sur les débats politiques et la participation citoyenne

Ce lundi, j’ai eu la chance de modérer le débat préélectoral à Genappe (pour cause de désistement à la dernière minute du journaliste qui devait modérer).

L’expérience a été intéressante et je remercie les organisateurs de m’avoir proposé cette modération.

J’ai envie de donner mon “point de vue”, qui est forcément celui de quelqu’un qui voyait le public de face, puisque j’étais sur scène avec les candidats, pour modérer.

Je me suis demandé, à plusieurs reprises, à quoi pouvait bien servir ce genre de débat. Ca peut paraître bizarre de dire ça – et je ne veux pas du tout cracher dans la soupe ! Je m’explique : en connaissant pas mal de monde à Genappe, j’avais l’impression de pouvoir identifier clairement les groupes politiques dans le public. Pas mal de #CréonsDemain, dispersés en 2 groupes principaux, les PluS au fond, les MR-CDH au milieu (et quelques-uns debout derrière), et Ensemble devant. Et puis quelques citoyens engagés, qui ne sont pas rattachés explicitement à une formation politique, mais qui, par leur engagement dans la commune, sont bien au fait de tout ce qu’il se passe.

Du coup, ma question est : est-ce qu’il y a vraiment beaucoup d’habitants qui sont venus s’informer lors de ce débat ? Alors, j’en ai déjà discuté avec certains, et il semble que oui, il y avait des habitants qui étaient venus pour s’informer. Mais j’ai l’impression qu’ils étaient très minoritaires. Quand les candidats, qui étaient à côté de moi, parlaient, je voyais les réactions dans la salle, et donc je voyais les groupes politiques opiner du chef lorsque leur candidat parlait, et grincer des dents (ou rigoler) lorsque les autres candidats prenaient la parole. Bref, ça donnait l’impression que le public était davantage là pour “supporter” un candidat que pour s’informer.

Je pense que c’est la limite de ce genre de dispositif. En même temps, on ne peut pas se passer de ce genre de débat, parce que la démocratie, c’est débattre, c’est confronter les idées, etc. Mais est-ce que ce type de dispositif permet cela ? Et si pas, quel serait le bon dispositif pour permettre un réel échange d’idées ? Continue reading Brève réflexion sur les débats politiques et la participation citoyenne

Parution de la 4ème (et dernière) partie de ma série sur la radicalisation

La parution du dernier volet de ma série sur la radicalisation, dans la revue de la Fondation Ceci n’est pas une crise, tombe à point nommé, puisque j’y abordais la question de la radicalisation à l’extrême-droite, en miroir de la radicalisation islamiste.

  • A point nommé, parce qu’en France, il n’y a pas une semaine sans qu’il y ait une polémique d’ordre identitaire.
  • A point nommé parce qu’en Belgique, un mouvement étudiant d’extrême-droite, “Schild & Vrienden”, a récemment fait la Une des journaux… Et Lalibre.be annonçait hier qu’un quart des jeunes électeurs flamands souhaite un régime autoritaire en Flandre.

Je rejoins Anne-Emmanuelle Bourgaux (Ecole de Droit UMONS ULB) qui disait hier, sur La Première – RTBF, qu’il y a une URGENCE DÉMOCRATIQUE, au même titre qu’une urgence écologique.

[Extrait] : “Depuis les années 80, tout comme on a laissé se développer une réponse salafiste à la crise d’identité et
à la recherche de radicalité d’une partie de la jeunesse d’origine immigrée, on a laissé se développer des groupuscules identitaires auprès d’une jeunesse plus autochtone, tout autant en recherche d’identité, et de radicalité.”

Ce qui m’intéresse, c’est de comprendre comment, en 2018, une société comme la nôtre se retrouve avec des jeunes, élevés ici, qui partent en Syrie, et d’autres jeunes (au profil sociologique très proche), qui s’engagent dans des groupuscules néo-nazis.

… Comment en est-on arrivé là ??

Parution : Néo Santé, n°82, octobre 2018

Nouvelle parution : “Réponse aux arguments erronés (IV) : Le passé est l’avenir de la santé”, Néo Santé, n°82, octobre 2018, p. 24. Parution du 4ème volet de ma série en réponse à l’APSARES (Association des Professionnels de Santé pour une Alimentation responsable). Pour rappel, cette association a publié un article intitulé “L’imposture paléo”…
Inutile de préciser à quel point cet article était bourré de lieux communs et de préjugés sur l’alimentation paléo.

Ca a donc été l’occasion de revenir sur chacun de ces préjugés.

Dans ce dernier article de la série :

  • Non, l’alimentation paléo, ce n’est pas revenir à l’âge de la pierre.
  • Non, l’agriculture ne nous a pas sauvé de la barbarie.
  • Non, nous n’étions pas sous-alimentés durant la période paléolithique. 
  • Non, l’alimentation paléo ne préserve pas une vision patriarcale de l'”homme-chasseur” qui nourrit sa famille (en fait, quand on est bien informé, on sait que la chasse, effectivement plus traditionnellement masculine, ne permet de rapporter de la nourriture… que 3,4% du temps ! Difficile de compter dessus pour survivre donc…)

Ma conclusion : “Ma conclusion : Manger paléo, ce n’est rien d’autre qu’essayer de manger le plus naturellement possible, comme nous avons mangé durant des millions d’années.”

J’aurais encore pu faire pas mal d’articles en réponse à l’APSARES… mais passons à autre chose : le mois prochain, on parlera du froid !

Brève réflexion sur les partis “citoyens” (en réponse à un article du Soir)

J’avais envie de réagir à l’article du journal Le Soir intitulé “Les listes citoyennes: des listes ‘déguisées’?” … Je crois que le journaliste passe à côté de l’essentiel : ce n’est pas en regardant QUI est sur une liste qu’on peut dire si elle est “citoyenne” ou pas.
 
1. Parce que ça amène à des discussions interminables sur la définition de “citoyen”. Qui sont les “citoyens” ? Et par conséquent, qui ne l’est pas (ou ne l’est plus) ? Quelqu’un qui a déjà un mandat est-il encore un citoyen ? Oui, non, pourquoi ? Bref, aborder la question sous cet angle-là, c’est transformer la citoyenneté en une identité : certains le seraient, d’autres ne le seraient pas. Et c’est la course à la liste qui compte le plus de “citoyens”…
 
2. Parce qu’aux élections communales, les partis, même les plus traditionnels, doivent toujours remplir leur liste avec des personnes qui sont tout à fait nouvelles en politique. Soyons honnêtes, au quotidien, dans certaines communes, les locales des partis (même du PS, du MR, du CDH ou d’Ecolo, et d’autant plus s’ils sont dans l’opposition) ne comptent pas plus de 7 à 10 personnes actives, qui participent aux réunions, préparent les conseils communaux, alimentent le site et la page Facebook de la locale, etc. Du coup, s’ils doivent constituer une liste complète, ces partis doivent y intégrer de nombreux habitants de la commune, tout à fait novices en politique qui, pour beaucoup, ne faisaient pas partie du parti quelques mois auparavant. Ca a toujours été comme ça. Ca n’en fait pas une liste “citoyenne”. Ca s’appelle juste “trouver assez de personnes pour proposer une liste complète”…
 
NON, à mon sens, et c’est ce que j’ai essayé d’expliquer dans cette carte blanche, dans Lalibre.be, “Les partis ‘citoyens’ sont-ils bien sincères?“, un parti est “citoyen” s’il permet à l’ensemble de la population d’exercer son rôle de citoyen.
 
C’est-à-dire : ce n’est pas parce qu’il y a 5, 10 ou 15 “citoyens” au sens de “personnes qui n’ont jamais fait de politique” sur la liste, que c’est un parti “citoyen”. C’est un parti “citoyen”, si ce parti permet à 100% des habitants de la commune de jouer leur rôle de citoyens…
 
Donc, les questions à se poser sont : comment ce parti propose-t-il de gouverner ? Que met-il en place (avant même les élections !) en matière de participation citoyenne ? Comment propose-t-il de consulter la population ? A quelle fréquence ? Quels sont les dispositifs de participation citoyenne qui sont mis en place : ateliers urbains, budget participatif, conseils consultatifs, comités d’accompagnement, commissions de rénovation, comités de quartiers, maisons de la participation, échevins de la participation, etc….
 
Demandez-vous : qui va décider après les élections dans votre commune ?
 
▪️ le collège tout seul ? 👉 ce n’est pas un parti citoyen.
 
▪️ les ministres régionaux et fédéraux du même parti que la majorité ? 👉 ce n’est pas un parti citoyen.
 
▪️ le président du parti de la majorité ? 👉 ce n’est pas un parti citoyen.
 
▪️ l’ensemble des habitants de la commune ? 👉 Bingo ! Il y a des chances que ce soit un parti citoyen !
 
En somme, c’est dans la mesure où un parti s’engage à permettre à l’ensemble des habitants de reprendre en main les commandes de leur commune, grâce à des processus participatifs au quotidien, que ce parti peut réellement mettre en avant l’aspect “citoyen” de sa démarche…

Développer une activité… subsidiée ou indépendante ?

Une étude publiée par des chercheurs de l’Université de Anvers montre que la Belgique a le secteur associatif le plus subsidié d’Europe. Sur plus de 700 associations observées, les subventions représentent en moyenne 37% de leur budget. C’est près de 2 fois plus qu’aux Pays-Bas.

On ne peut pas nier ce fait : en Belgique, très souvent, le premier réflexe de celle ou celui qui veut développer quelque chose est de “chercher des subventions”. Que ce soit sous forme d’ASBL ou de coopérative, tout se passe comme si la seule manière de développer une activité, un projet, une initiative, était d’abord de “trouver des subventions”.

C’est une mentalité très très ancrée culturellement. En particulier dans les secteurs des services à la personne, de la jeunesse, des sports, de la santé, ou de la transition (avec ce paradoxe de vouloir participer au changement vers un nouveau modèle de société, mais tout en étant dépendant financièrement de l’ancien modèle).

Même lorsque le projet est entrepreneurial, comme la création d’une coopérative à finalité sociale, le premier réflexe semble être : Cherchons des subventions pour les coopératives à finalité sociale.

Ca me rappelle toujours ce conseil de Gary Vaynerchuk aux entrepreneurs : “Make Money. Don’t Raise Money“, qu’on pourrait traduire par “Gagnez de l’argent, ne cherchez pas à lever des fonds”. Il s’adresse là aux Tech entrepreneurs et autres lanceurs de Start-ups qui lèvent des millions de dollars sur leur idée, sans même avoir vendu le moindre produit.

En Belgique, c’est la même chose, mais les Angel Investors sont toutes ces couches étatiques auxquelles on peut aller solliciter des subventions : la Région, la Province, le Fédéral, la Fédération Wallonie-Bruxelles, etc., etc., etc.

Le modèle de création d’activité est celui-ci :
1. de longues réunions de brainstorming (parfois accompagnées d’une asbl également subventionnée pour accompagner la création d’autres activités subventionnées. Il est fort probable que l’on colle des post-it : https://goo.gl/txSA4m)
2. la recherche de subventions (il est possible d’avoir des subventions pour financer la recherche de subventions).
3. la rédaction d’un dossier de candidature pour l’octroi de la subvention. Généralement, l’activité initialement prévue change (plus ou moins fortement) pour coller aux caractéristiques de la subvention (définition ou redéfinition d’un public-cible, d’un territoire-cible, nouveaux objectifs, etc.).
4. (facultatif mais utile) contacts avec des mandataires politiques qui pourraient intervenir dans l’octroi de la subvention.
5. Octroi de la subvention.
6. Engagement d’un temps plein ou d’un mi-temps et/ou achat du matériel, aménagement des locaux, etc.
7. Recherche du premier client (et rapport d’activité annuel auprès du pouvoir subsidiant).

Bref, le système est tout à fait sur sa tête. Ce dont on aurait besoin, c’est d’une dynamique inverse :
1. Avoir une idée
2. Rechercher un premier client
3. Foirer sa vente (mais le gars, sympa, nous dit “mais ton idée est bonne, hein !”)
4. Modifier un peu son idée
5. Rechercher un deuxième client
6. Réussir sa vente
7. Avoir 5 nouveaux clients
8. Avoir 20 nouveaux clients
9. Bosser dur dans son garage (en anglais, c’est “work your a** off”)
10. Attendre 2 ans avant de pouvoir payer un temps plein.

On a besoin de beaucoup plus de culture “garage land“* (ce modèle californien de création d’entreprises dans des garages, dont le CrossFit est la variante “garage gym”) et beaucoup moins de subventions.

… D’autant plus que ce qui freine fortement la création d’activités entrepreneuriales, ce sont les coûts de création d’entreprises, entre la création elle-même (comptez 1.500€ : frais administratifs + notaire + comptable) et le capital minimal légal : 18.550 € pour un SPRL. Bref, vous n’en avez pas pour moins que 20.000 €.

Alors, moi, je pense qu’il faudrait réduire les subventions, et utiliser tout cet argent pour réduire les frais de création d’entreprises qui constituent de véritables freins à l’entrepreneuriat !

* Autre exemple de Garage gym que j’aime beaucoup : la petite société de Skateboard de Mike Vallely, qu’il gère dans son garage, avec sa fille : https://www.streetplantbrand.com/