Parmi les plus belles pages d’humanisme : la conclusion de “Peau noire, masques blancs” de Frantz Fanon

J’avais envie de vous partager certaines des plus belles pages d’humanisme que j’ai eu l’occasion de lire. Et que j’ai lues et relues depuis des années. Il s’agit de la conclusion de Frantz Fanon à un de ses livres majeurs « Peau noire, masques blancs » (1952).

Je vous invite à lire ces pages vous-mêmes, parce que c’est admirablement bien écrit. Mais en voici une sorte de synthèse (toutes les parties entre guillemets sont des extraits). Et vous allez voir que c’est un discours aux antithèses des discours identitaires actuels.

En huit pages magnifiques, Frantz Fanon construit, selon ses mots, les “conditions d’existence idéales d’un monde humain”, dans lequel ni les Blancs, ni les Noirs, ne sont renvoyés à leur couleur de peau, et en particulier au passé de la domination de l’un sur l’autre.

Il débute sa conclusion sur une distinction entre l’aliénation vécue par les intellectuels (comme lui : il parle d’un “docteur en médecine d’origine guadeloupéenne”), et l’aliénation vécue par les ouvriers noirs du port d’Abidjan.

Les quelques camarades ouvriers que j’ai eu l’occasion de rencontrer à Paris, écrit-il, ne se sont jamais posé le problème de la décou­verte d’un passé nègre. Ils savaient qu’ils étaient noirs, mais (…) cela ne change rien à rien.” Et il rajoute : “En quoi ils avaient fichtrement raison“.

Par là, et avec plusieurs autres exemples, il critique les tentations d’aller chercher dans l’Histoire des preuves de l’humanité des peuples de peau noire :

La découverte de l’existence d’une civilisation nègre au XVe siècle ne me décerne pas un brevet d’humanité. Qu’on le veuille ou non, le passé ne peut en aucune façon me guider dans l’actualité.

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Les dangers de sédentarité. Pour votre santé : bougez !

Ces derniers jours, la Ligue cardiologique belge a rappelé les dangers de la sédentarité.

Source RTBF Info : https://www.rtbf.be/info/societe/detail_les-belges-ne-bougent-pas-assez-et-ce-n-est-pas-sans-risques-pour-la-sante?id=10741404

L’inactivité physique est associée à un augmentation de 24% du risque de maladie cardiovasculaire, de 16% du risque d’accident cérébral et de 42% du risque de diabète.

Les cardiologues belges préconisent 5 x 30 minutes d’exercice par semaine… ce que très peu de gens atteignent.

Et évidemment, les confinements successifs n’ont rien arrangé.
Pourtant, les solutions sont multiples. Elles dépendent de choix individuels ET de choix collectifs.

✅ Un bon entraînement peut être tout à fait GRATUIT. Ca ne vous coûtera rien de faire des pompes, des squats, des burpees, des fentes, des abdos chez vous. Et ce n’est même pas un “entraînement du pauvre”, hein ! Ce sont d’EXCELLENTS exercices ! Meilleurs que ce qui se fait avec des machines sophistiquées et coûteuses. #PasDExcuses
=> Il existe plein de méthodes d’entraînement au poids de corps. La plupart des entrainements CrossFit ont des variantes “sans équipement” (surtout depuis le début de la pandémie). Et si vous cherchez une méthode qui mette particulièrement l’accent sur les mouvements naturels, et l’utilisation de l’environnement naturel, je vous conseille d’aller voir du côté de MovNat : https://www.movnat.com/. Le site est plein de vidéos, des formations sont données, et si vous avez accès à un petit coin de nature, vous allez adorer. Quand vous me voyez ici faire des entraînements dans les bois, ce sont souvent des entraînements inspirés par MovNat.

✅ Chez soi, s’entraîner nécessite également très PEU DE PLACE : il suffit d’avoir la place pour se coucher sur le sol (et se relever !). Ca peut être entre le divan et la table basse, dans le couloir, à côté du lit… J’ai entraîné des gens à domicile durant des années, dans leur salon, leur cuisine, leur couloir. #PasDExcuses

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Polarisation, rapprochement entre partis et extrême-droite en Espagne

Comment la polarisation du champ politique et le repositionnement de certains partis peuvent favoriser les partis radicaux, comme l’extrême-droite ?

Une étude très intéressante vient de paraître dans la revue “South European Society and Politics” (publ. en ligne : 8 avril 2021), et montre ce qui a pu contribuer au succès du parti d’extrême-droite, Vox, en Espagne 🇪🇸 . Et cela fait directement écho à beaucoup d’échanges que j’ai eus suite à ma publication récente sur le succès de l’extrême-droite française 🇫🇷 auprès des jeunes.

L’auteur de cette étude, Juan Rodriguez Teruel (Science Po — Université de Valence), définit 2 types de polarisation :

  1. Une polarisation verticale : l’écart entre les votants et les partis
  2. Une polarisation horizontale : une stratégie centrifuge ou polarisante menée par certains partis, les amenant à se positionner davantage sur les extrêmes.

L’enquête montre qu’une augmentation de la polarisation verticale favorise les partis radicaux comme Vox : plus les électeurs voient grandir un écart entre la population et les partis, plus ils tendent à voter pour Vox.

A l’inverse — ⚠️ et c’est cela qui est très intéressant — une diminution de la polarisation horizontale favorise les partis radicaux comme Vox.

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Extrême-droite : premier parti des 25-34 ans en France

Je crois que toute personne qui se dit démocrate, et qui est attachée aux idées de liberté, d’égalité, de justice, doit fortement s’inquiéter de cette information : en France, le premier parti des 25-34 ans est l’extrême-droite ! 

(Et ça doit nous inquiéter, je pense, au-delà des frontières françaises, jusqu’en Belgique et ailleurs en Europe). 

Si on considère ensemble toute la partie la plus jeune de l’électorat, c’est-à-dire les 18-24 ans et les 25-34 ans, les jeunes : 

  1. se désintéressent de plus en plus de la politique — en témoigne le taux d’abstention. 
  2. considèrent que l’ex-Front national est un parti comme les autres. 

Quelques éléments de ce dossier que souligne : 

La “dédiabolisation” de l’ex-Front national (et en particulier de Marine Le Pen) se matérialise par cette idée selon laquelle “En quoi Marine Le Pen serait-elle pire ?” (c’est-à-dire pire que les autres hommes et femmes politiques). Comme je ne pense pas qu’elle ait fondamentalement changé ces 15 ou 20 dernières années, je pense plutôt que l’ensemble de la classe politique française est surtout arrivée à démontrer qu’elle ne valait pas mieux… 

Dans l’analyse de la sociologue Anne Muxel, on apprend que le succès de l’extrême-droite auprès des jeunes s’explique aussi par le fait que : 

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Parution : Néo Santé, n°110, avril 2021

Nouvelle parution : “Covid et stress oxydatif”, Néo Santé, avril 2021, n°110, p. 24.

Parution ce mois-ci dans Néo Santé, de mon article sur le stress oxydatif. Je relaye en fait une étude de l’Université de Liège, parue très récemment, et qui révèle le rôle important du stress oxydatif dans les formes graves de Covid-19. Les chercheurs et chercheuses ont évalué le niveau de stress oxydatif de patients d’une unité de soins intensifs.

Cela fait lien avec l’alimentation que je défends dans cette rubrique “Paléonutrition”. Alimentation qui est particulièrement riche en antioxydants : fruits (dont en particulier fruits rouges), légumes, noix, poissons gras, thé vert, etc…. et particulièrement dénuée de tout ce qui favorise la présence de radicaux libres dans l’organisme : charcuterie industrielle, aliments à index glycémique élevé, excès en graisses polyinsaturées, etc.

De plus, les stress oxydatif est en soi lié à un des facteurs de comorbidité majeur du Covid-19 : l’obésité. Celle-ci induit effectivement du stress oxydatif…

(Je précise que je n’ai pas écrit le chapeau, il émane de la rédaction. C’est toujours le cas, comme le titre, et ça ne me pose pas de problème. Mais je le précise cette fois-ci, parce que je n’utilise jamais les mots “grands médias” ou l’idée d’ “occulter”.

Bonne lecture !

Association entre burnout parental et “culture individualiste”

On en parle beaucoup dans la presse aujourd’hui : une étude réalisée par un consortium de psychologues montre que le burnout parental est plus fréquent dans les pays de culture “individualiste” (principalement Occidentaux : 🇺🇸 🇫🇷 🇬🇧 🇩🇪 🇵🇱 🇳🇱 …). 

C’est très intéressant, et ça rejoint plusieurs choses sur lesquelles je bosse pour l’instant, dont le concept d’espace public. Je m’explique… 

Quand on parle de pays de culture “individualiste”, n’y voyez pas une opposition aux pays “collectivistes”, au sens de communistes. “Individualisme” signifie ici : “une préférence pour un cadre social lâche, dans lequel on attend des individus qu’ils ne prennent soin que d’eux-mêmes et de leur famille immédiate“. Cette variable provient du Culture Compass de Hofstede que vous pouvez consulter ici (essayez, on peut comparer les pays, c’est marrant !)

Bref, l’étude du Consortium, portant sur 42 pays et 17.409 patients, a montré que la variable “individualisme” est la seule qui est significativement associée au burnout parental. Et cela même lorsqu’on contrôle les autres variables : démographie, charge parentale (nombre d’enfants, etc.), inégalités économiques, etc. 

Les chercheurs et chercheuses concluent qu’”un renforcement du réseau social d’aide mutuelle et de solidarité autour des familles pourrait aider à diminuer la prévalence du burnout parental dans les pays individualistes“. 

Je pense que ce que l’on est en train de perdre, principalement, dans les pays occidentaux, ce sont tous ces lieux de sociabilité qui composent l’ “espace public informel” : ce qu’on appelle aussi les “tiers-lieux“, qui ne sont ni le domicile (premier lieu), ni le boulot (deuxième lieu). 

Aujourd’hui, dans combien de lieux ou cercles informels un parent peut-il à la fois parler de ses problèmes de parent, échanger ses expériences, verbaliser ses craintes et avoir des conseils d’autres parents ? Je pense que le nombre diminue.

Je parle bien de lieux “informels”, et de conseils de “pairs”. Non pas de lieux “formels” (service social, centre psychologique, etc.), ni de conseils d’ “experts”. Je parle de lieux où on ne vient pas pour parler de ses problèmes, mais où on peut le faire aisément. 

Je pense aux discussions qui peuvent avoir lieu au bord d’un terrain de sport pendant l’entraînement des enfants, en cuisine lors de la préparation des repas de la fancy-fair de l’école, au marché, au café, à l’épicerie, chez le coiffeur, lors d’une fête de quartier, lors d’un barbecue entre amis, à la sortie de la messe/mosquée/synagogue, après un cours de fitness, à la fin de la répétition de la chorale, au-dessus de la haie entre voisins, lors d’une fête de famille élargie (mariage, baptême, etc.), en fin de réunion du projet local en transition, au bord de la plaine de jeux, etc. 

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Publication : Jeunes et réseaux sociaux

Les ateliers d’éducation aux médias, organisés dans le cadre de mes activités au Centre culturel de Genappe / GAL Pays des 4 Bras, avec Action Médias Jeunes, avaient suscité quelques questions sur les réseaux sociaux, entre autres parce qu’on parlait des “influenceurs et influenceuses”…

Dans le Journal de Genappe paru aujourd’hui, j’ai pu expliquer les objectifs de ces ateliers, et replacer les craintes, légitimes, des adultes vis-à-vis des nouveaux médias, dans une perspective plus historique…

Parmi celles et ceux qui me lisent ici, combien sont en âge d’avoir regardé “Hélène et les Garçons” ? Est-ce que vous vous rappelez à quel point la presse se déchaînait à l’époque sur cette série censée “lobotomiser” la jeunesse ? 😉

Petite anecdote, parmi les livres de sociologie des médias qui m’ont le plus marqué, et poussé à faire la sociologie des médias, il y a la magnifique enquête “La culture des sentiments. L’expérience télévisuelle des adolescents”, de Dominique Pasquier, sur le courrier que les fans envoyaient à Hélène…

Pour en avoir une idée, l’article “‘Chère Hélène’. Les usages sociaux des séries collège”, Réseaux. Communication – Technologie – Société, 1995, n°70, pp. 9-39, est disponible en ligne : https://www.persee.fr/doc/reso_0751-7971_1995_num_13_70_2665

Bonne lecture, et au plaisir d’en discuter avec toute personne intéressée !

Référence : Patte, Y., 2021, “Jeunes et réseaux sociaux”, Journal officiel de la Ville de Genappe, mars, p. 5.

Parution : Néo Santé, n°109, mars 2021

Nouvelle parution : “L’approche UNE santé, UNE médecine”, Néo Santé, mars 2021, n°109, p. 24.

Je publie, ce mois-ci, dans Néo Santé : “L’approche UNE santé, UNE médecine”. Pourquoi “une” santé et “une” médecine ? Parce que cette approche intègre la santé humaine, la santé animale et la santé de l’environnement qui les entoure. ⠀

C’est en réalité quelque chose qu’on redécouvre, parce que cette approche intégrée existait dans les premières civilisations humaines (traces dans les papyrus d’El-Lahoun en Egypte), dans la dynastie Zhou en Chine, ou encore dans la tradition indienne. On doit la version moderne de “One Health – One Medicine” à Calvin Schwabe (1927-2006), épidémiologiste vétérinaire américain. ⠀

Cette approche permet d’aborder les “zoonoses” (maladies qui se transmettent de l’humain à l’animal et inversement — ce qui représente quand même 61% des maladies infectieuses affectant l’humain), et de les relier à des phénomènes comme la déforestation, les changements climatiques, l’urbanisation ou l’élevage intensif.⠀

Je précise que cet article ne parle pas de pangolin… mais je cite quelques autres exemples comme les moustiques et la fièvre de la Vallée du Rift, ou les chauve-souris et le virus Nipah.

Analyse critique des médias contre complotisme

J’étais heureux de lire la carte blanche de Jean-François Raskin, sociologue des médias, à propos du documentaire « Ceci n’est pas un complot », dans La Libre Belgique.

Heureux parce que Raskin rappelle l’intérêt d’une analyse critique du travail journalistique, en particulier en rapport avec la pandémie. Et l’outil approprié pour cela est, je pense, la sociologie des médias. C’est l’objet de cette publication : montrer à quoi pourrait ressembler une approche sociologique du traitement journalistique de la crise sanitaire, en présentant quelques concepts clés de la discipline (ainsi que les références pour celles et ceux qui voudraient aller plus loin).

Le documentaire « Ceci n’est pas un complot » est critiquable en ceci qu’il pose des questions sans y répondre. Et c’est évidemment un ressort important des logiques complotistes. L’absence de réponse à la question laisse supposer, soit que cette réponse est tellement évidente qu’il ne sert à rien de l’expliciter (et que seul celui qui ne veut pas voir la réalité ne la voit pas), soit qu’elle relève de quelque chose qui est “indicible”, qu’on n’est pas “autorisé” à dire. Dans tous les cas, on retrouve cela dans les logiques complotistes.

Mais en aucun cas, cela ne signifie que les questions posées soient inutiles ou déplacées. C’est la manière dont on les pose, et les réponses qu’on apporte, qui vont déterminer que l’on soit dans le champ des sciences sociales… ou dans celui du complotisme.

Une précision encore avant de commencer : ce que je dis là ne laisse rien présager quant aux intentions de l’auteur du documentaire, Bernard Crutzen, que je ne connais pas. Je pense tout à fait qu’on peut produire quelque chose (texte, film, etc.) qui fait le jeu des théories complotistes sans avoir l’intention de le faire.

Je renverrais vers l’ouvrage “Les enfants de Shylock ou l’antisémitisme sur scène” (Meyer-Plantureux, 2005), qui montre par exemple que les dramaturgies françaises de l’avant-guerre étaient très souvent antisémites, malgré que leurs auteurs étaient souvent d’origine juive et appartenaient aux milieux politiques progressistes. Ils n’étaient peut-être pas “personnellement” antisémites, mais leur dramaturgie l’était (Dayan, 2005).

Les « routines » journalistiques

Une première approche intéressante serait de partir des “routines” journalistiques, c’est-à-dire toutes ces pratiques quotidiennes qui permettent aux journalistes de produire, chaque jour, de l’information.

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Parution : Néo Santé, n°108, février 2021

Nouvelle parution : “La vitamine D, bouclier anti-Covid par excellence”, Néo Santé, février 2021, n°108, p. 24. On n’a probablement jamais autant parlé de la vitamine D que depuis le début de la pandémie de Covid-19. A notre connaissance, c’est même le seul micronutriment dont il a été question, et comme celui-ci est aussi un élément de base de l’alimentation “paléo”, cela valait bien un petit éclairage.

Dès mars/avril, des médecins commencent à alerter quant à un lien entre les formes sévères de Covid-19 et la déficience en vitamine D. Plus récemment, en novembre 2020, et en Belgique, l’hôpital de Roeselare publie un communiqué sur son site internet, affirmant qu’une déficience en vitamine D peut être un facteur de risque aggravant lors d’une infection au Covid-19… Différentes recherches sont venues confirmer la corrélation sans nécessairement valider la causalité. Mais on sait que la déficience en Vitamine D est également liée à tout un ensemble d’autres facteurs, eux-mêmes liés au Covid-19 : surpoids, obésité, inflammation chronique, vieillissement, etc.

Le point à retenir : quel que soit votre opinion sur le Covid-19, vous ne savez pas vous tromper avec un mode de vie sain, consistant à passer du temps à l’extérieur, et avec une alimentation saine, intégrant des poissons gras, et évitant les aliments riches en fructose. Surtout si vous êtes à un âge où votre peau produit moins de vitamine D. Tout cela vous amènera un taux de vitamine D raisonnable, un système immunitaire plus fort et moins de risques de surpoids. Explication dans l’article…

⚠️ Le titre de l’article n’est pas de moi, mais de la rédaction. Je n’aurais pas parlé de “bouclier”. Le mot que j’aurais préféré utiliser est “atout” : La vitamine D, un atout en période de Covid-19″